Thèse soutenue

Le Motif de la requête chez Paul Ricœur : du désir à la reconnaissance
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Auteur / Autrice : Jean-François Houle
Direction : Johann MichelSophie-Jan Arrien
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 31/03/2023
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Université Laval (Québec, Canada)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Jean-Philippe Pierron
Examinateurs / Examinatrices : Johann Michel, Sophie-Jan Arrien, Jean-Philippe Pierron, Beatriz Contreras Tasso, Olivier Abel, Olivier Clain
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Philippe Pierron, Beatriz Contreras Tasso

Résumé

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Les notions de requête, d’appel et d’exigence, ainsi qu’un ensemble de notions connexes (demande, injonction, sollicitation, revendication), ont acquis dans la philosophie continentale contemporaine un statut fondamental, tant au niveau ontologique (Heidegger, Marion, Chrétien) qu’éthique (Levinas, Waldenfels, Honneth, Taylor, Fraser). À la faveur d’une analyse des usages que fait Paul Ricœur de ces notions, qui forment ce que nous appelons le réseau notionnel de la requête, nous mettons au jour la fonction essentielle qu’occupe le motif de la requête dans son anthropologie philosophique. La portée et les limites de la conception ricœurienne de l’appel et de la réponse, que nous reconstruisons à la faveur de l’étude du traitement qu’il réserve aux problèmes de la motivation, de la fragilité affective, du bonheur et, enfin, du rapport à autrui, peuvent ainsi être déterminées. La dialectique de l’appel et de la réponse se révèle particulièrement significative dans la théorie ricœurienne de la volonté et de l’affectivité – éléments fondamentaux de son anthropologie –, sa conception de la vie religieuse, ainsi que ses réflexions éthiques sur la justice, les relations de soin, le pardon et la reconnaissance. Nous procédons à la critique et à l’enrichissement de ce motif en vue du développement de ce que nous appelons la dialectique de la requête (requérir, être interpellé, répondre), dont la vocation épistémologique est à la fois ontologique, anthropologique et éthique. À cette fin, nous mobilisons, outre la littérature portant sur l’œuvre de Ricœur ou inspirée par elle (Abel, Michel, Porée, etc.), les travaux de penseurs tels que Marcel, Levinas et Waldenfels sur les phénomènes de l’appel, de l’injonction ou de la requête (Anspruch), ainsi que des études philosophiques portant sur des phénomènes tels que le care, la justice, l’amour, le pardon ou la reconnaissance (Boltanski, Honneth, Jankélévtich, etc.). Nous mettons également à profit des enquêtes sociologiques (Elias, Saglio-Yatzimirsky, Durand). Nous concluons que, dès lors qu’elle postule l’interdépendance des personnes humaines, une anthropologie philosophique telle que l’anthropologie ricœurienne de l’homme agissant et souffrant doit reconnaître aux gestes de la requête et de la réponse un rôle crucial dans l’existence humaine.