Thèse en cours

La réparation face aux particularités du crime de masse devant les juridictions internationales

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Auteur / Autrice : Émilie Sibelle
Direction : Élisabeth Joly-SibuetMathilde Philip-Gay
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Droit mention droit privé
Date : Inscription en doctorat le 19/10/2018
Etablissement(s) : Lyon 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de droit (Lyon)

Résumé

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Le crime de masse peut se définir comme un crime commis par une pluralité d’auteurs réunis en une entité collective partageant un dessein commun et dont les conséquences présentent une particulière gravité, qu'elle soit quantitative et/ou qualitative. Il se distingue ainsi par sa particulière gravité et son caractère collectif. Ces caractéristiques posent des défis uniques aux juridictions internationales lorsqu’elles statuent sur les réparations à ordonner au profit des victimes. Les concepts juridiques traditionnels se révèlent en effet inadaptés pour saisir les particularités du crime de masse et en réparer justement les conséquences. Ce crime impose alors un renouvellement des outils juridiques mobilisés pour rendre justice aux victimes. La gravité du crime perturbe non seulement le concept même de réparation mais également son contenu. L’atteinte qu’il génère sur l’ordonnancement juridique et surtout sur les victimes conduit à repenser la construction du droit objectif mais aussi celle du droit subjectif. La pluralité de victimes interroge l’émergence d’un droit collectif à réparation. La gravité oblige à prendre en considération de nouvelles formes de préjudice sui generis et impose en outre de dépasser l’approche classique de la réparation, se soldant traditionnellement par une indemnisation individuelle. Les juridictions internationales ont, à ce titre, développé une jurisprudence novatrice en octroyant aux victimes des réparations individuelles, collectives, matérielles et/ou symboliques. Pourtant, malgré cette volonté d’adapter au mieux la réparation au préjudice subi, l’objectif de réparation intégrale qui lui est assigné semble toujours irréalisable. Le caractère collectif du crime de masse nécessite de repenser les modalités d’imputation du crime. Si le droit international organise l’attribution de ce fait illicite aux individus et aux États, il gagnerait à responsabiliser d’autres entités collectives qui participent à cette criminalité. Au demeurant, toute la problématique réside dans la coexistence de ces responsabilités qui peuvent être engagées parallèlement sans qu'une véritable concomitance dans leur engagement ne soit organisée. La thèse propose alors de penser un système de responsabilités capable de saisir cette criminalité de système.