Dynamique conjugale et capabilité a aspirer des femmes migrantes en couple mixte : une étude de cas à partir de récits de femmes japonaises installées en France
Auteur / Autrice : | Kanako Takeda |
Direction : | Bénédicte Zimmermann |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 14/10/2024 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Emmanuelle Santelli |
Examinateurs / Examinatrices : Emmanuelle Santelli, Bernard Fusulier, Djaouidah Sehili, Isabelle Konuma | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Bernard Fusulier, Djaouidah Sehili |
Résumé
Cette thèse a pour objectif de mettre en lumière l’influence du parcours migratoire des femmes migrantes japonaises sur la (re)formulation de leurs aspirations professionnelles et familiales en France, dans le cadre d’un couple mixte avec un Français. Elle vise plus particulièrement à étudier comment se forme leur capabilité à aspirer dans ce contexte de migration et de mixité conjugale. Afin d’explorer en profondeur ce processus, la thèse adopte une approche biographique. Cette dernière permet d’accéder à la réflexion rétrospective et prospective des femmes sur leur situation sociale à différents moments de leur vie. Pour ce faire, des entretiens semi-directifs ont été menés auprès de 64 femmes migrantes japonaises vivant en couple avec un Français en France. Un tiers d’entre elles occupent un emploi salarié, un autre tiers a une activité professionnelle non salariée, et le dernier tiers n’exerce pas d’activité professionnelle. Les femmes rencontrées appartiennent à la catégorie des « migrantes volontaires ». Leur migration en France a été motivée par des raisons personnelles comme la poursuite d’études, une mobilité professionnelle ou une rencontre amoureuse, plutôt que contrainte par des raisons économiques, politiques ou la mobilité de leurs parents. La formation d’un couple mixte avec un Français a contribué à leur installation durable en France. Elle leur offre aussi des ressources pour renégocier les valeurs, normes et rapports sociaux auxquels elles ont été socialisées dans la société japonaise. La thèse montre comment la comparaison qu’elles opèrent entre la France et le Japon, vécue à travers leur expérience migratoire et conjugale, contribue à la (re)formulation de leurs aspirations professionnelles et familiales. Cette (re)formulation est, cependant, également conditionnée par l’entrecroisement des possibilités et des obstacles rencontrés sur un plan familial, professionnel et institutionnel. Ces femmes font face à diverses contraintes telles que l’inégalité d’accès aux droits civils, aux opportunités professionnelles et l’exposition à des discriminations quotidiennes. Ces contraintes contribuent à forger un rapport de pouvoir inégal au sein du couple, souvent en défaveur des conjointes migrantes. C’est dans cette situation que se forme leur capabilité à aspirer dans leur vie professionnelle et familiale.La première partie de la thèse présente les expériences prémigratoires et la formation des couples mixtes, au fondement des aspirations professionnelles et familiales des femmes japonaises en France. La deuxième partie révèle l’effet des interactions conjugales sur la (re)formulation de ces aspirations après leur installation en France. Le conjoint français, perçu comme expert de la situation locale, y joue alors un rôle de référence concernant les valeurs et normes dominantes. La dernière partie porte sur l’analyse des différentes formes de soutien conjugal et leur influence sur le développement de la capabilité à aspirer de ces femmes dans les domaines professionnel et familial.En analysant l’influence qu’exercent la migration et la mixité du couple sur le développement de la capabilité à aspirer des femmes migrantes japonaises en matière professionnelle et familiale en France, cette thèse contribue à renforcer la visibilité des « migrant·es volontaires » dans la sociologie des migrations, du travail et de la famille.