Animalités en partage. Mises en récit de l’altérité animale dans l’œuvre de Pierre Bergounioux, Pierre Michon et Jean-Loup Trassard.
Auteur / Autrice : | Marie Vigy |
Direction : | Alain Schaffner |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Littératures française et francophone |
Date : | Inscription en doctorat le 25/10/2018 |
Etablissement(s) : | Paris 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littérature française et comparée (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Théorie et histoire des arts et des littératures de la modernité (Paris) |
Résumé
Cette thèse porte sur l’œuvre de trois auteurs contemporains dont l’entrée en littérature, dans les années 1960 pour Jean-Loup Trassard puis dans les années 1980 pour Pierre Bergounioux et Pierre Michon, coïncide avec un regard mélancolique jeté sur le déclin du monde rural et provincial d’origine. La disparition de la civilisation paysanne, dont ils soulignent la proximité avec le mode de vie néolithique, signe également l’effacement des liens interspécifiques qui la fondaient et qui conditionnaient une manière écologique d’habiter les lieux. Notre travail met en regard cette conscience historique et sociologique commune avec une interrogation d’ordre anthropologique et philosophique plus large : il montre comment ces œuvres, qu’elles soient fictionnelles ou autobiographiques, pensent et mettent en récit la différence entre l’espèce humaine et les autres animaux. Le concept d’animalité est saisi sous l’angle de la relation entre les espèces : il implique différents sens du mot « partage » allant du sentiment de la communauté à la dramatisation de la rupture anthropozoologique. Par une lecture transversale du corpus, il s’agit d’étudier les modalités littéraires de la revalorisation de la relation avec les bêtes, notamment en contexte rural. L’analyse porte en particulier sur la manière dont certaines idéologies traditionnelles associées à l’animalité sont réinvesties ou détournées par les trois auteurs, qui l’envisagent tous comme un substrat originel désirable, recherché ou regretté. Leurs récits peuvent alors adopter la forme de l’enquête anthropologique et autobiographique afin de sonder cette origine et de faire retour sur le « grand partage » entre l’existence humaine et l’existence animale. Nous montrons enfin que cette interrogation sous- tend des choix narratifs et stylistiques, et qu’elle implique directement le rapport que chaque auteur entretient avec la langue.