Administrer les finances impériales dans les provinces de l’Orient romain tardif : rôles et interaction de l’Etat et des cités. Etude institutionnelle et prosopographique (IVe-VIIe siècle)
Auteur / Autrice : | Romain Touron |
Direction : | Bernadette Cabouret |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire ancienne |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2018 |
Etablissement(s) : | Lyon 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Résumé
L’objet de cette thèse est de présenter une étude précise et pertinente des liens entre l’Etat et le système de la cité dans le cadre de la gestion des finances impériales au sein des provinces orientales. Cette recherche a pour but de raisonner en termes de structures. Il ne s’agit pas d’étudier chaque structure de manière indépendante, mais avant tout de se focaliser sur les nombreuses articulations entre ces dernières. En effet, depuis les différentes grandes réformes effectuées au début IVe siècle, le fiscus est caractérisé par un éclatement de son organisation et de ses services, ce qui rend donc sa lecture complexe. Ce système d’Etat est notamment en étroite articulation avec le système de la cité qui est toujours en vigueur et qui constitue un héritage fondamental des périodes antérieures. L’enjeu est donc d’appréhender la collaboration de ces différentes structures financières à l’échelle provinciale, ces dernières représentant à la fois l’appareil d’Etat et le système municipal, soit des entités vivant en symbiose, même si cela est à nuancer. Au sein de la cité, la multitude des rapports entre la ville et la campagne méritent toute attention dans le sens où ces derniers sont exploités par l'Etat dans le cadre de cette gouvernance. Nous nous attarderons sur les structures, mais également sur les agents eux-mêmes caractérisés par une diversité de statuts complexes et parfois même ambigus, et qui participent à la mission essentielle de l’Etat : faire fonctionner son administration financière, perçue comme un véritable enjeu pour sa survie. L’étude des lois semble suggérer un véritable autoritarisme de la part du pouvoir dans la gestion des finances. La législation frappe par la lourdeur des peines sanctionnant les défaillances aussi bien des contribuables que des agents eux-mêmes. Tous les services de l’administration sont soumis à une pression constante : cette dernière est imposée par le pouvoir central pour se répercuter sur chacun des fonctionnaires, à toutes les échelles. Aussi le principe de solidarité face à l’administration fiscale s'affirme à l’échelle locale : cités, curiales, villages… Ces caractéristiques semblent démontrer le caractère intrusif et implacable d’une administration en constant développement. Quelle est la réalité de cet impact de la politique financière et fiscale sur les sociétés ? L’historiographie a parfois présenté l’Empire romain tardif comme un Etat ''totalitaire''. Pourtant, nous pouvons nous demander si ces tendances autoritaires ne témoignent pas plutôt de difficultés auxquelles l’Etat essayait de remédier. Se pose la question des limites et des difficultés auxquelles s’est heurté le pouvoir impérial. Les phénomènes de corruption, de malversations, de résistance des contribuables et d’exactions de toute sorte étaient courants et l’administration financière ne fut pas épargnée ; son étude approfondie permettrait de mieux apprécier la politique du pouvoir impérial confronté à ces difficultés et obligé de réagir. Face à ces dysfonctionnements structurels, quelles réponses sont apportées par le pouvoir impérial au cours de la période ? Quelles réformes et avec quelles chances de succès ? Afin d’apporter des réponses, l’étude doit être focalisée sur les différents facteurs structurels et conjoncturels selon les provinces choisies. A travers ce travail reposant sur des sources juridiques et officielles, littéraires, papyrologiques…, nous souhaitons aborder l'étude de l'administration impériale tardive sous de nouveaux angles d’approche, grâce à un jeu sur les échelles : de la superstructure aux infrastructures. Il s'agira donc de raisonner en termes de structures sur une période allant du IVe au début du VIIe siècle. Nous espérons démonter les mécanismes de cette administration à l’échelle provinciale et mieux décrire l’interaction entre l’Etat et les cités dans le domaine des finances impériales. A partir du fonctionnement théorique, nous nous attarderons sur l'articulation entre les différents niveaux de gestion et sur l’impact que cette organisation a eu sur les sociétés provinciales de l’Orient romain tardif.