Actualisation des rapports sociaux en contexte de gouvernance de l'Intelligence Artificielle globalisée : discours, dispositifs et pratiques au prisme de l'intersectionnalité, une étude de cas au sein d'Orange et de son écosystème
Auteur / Autrice : | Julie Freire marques |
Direction : | Gudrun Ledegen, Nadia Ouabdelmoumen |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences du langage et Sciences de l'information et de la communication |
Date : | Inscription en doctorat le 14/11/2018 Soutenance le 09/09/2024 |
Etablissement(s) : | Rennes 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Espaces, Sociétés, Civilisations (Rennes ; 2022-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Pôle de recherche Francophonies, interculturel, communication, sociolinguistique (Rennes) |
Mots clés
Résumé
L’Intelligence Artificielle (IA) semble être devenue la technologie de tous les possibles et nombre de discours narrent ses capacités dans des registres qui oscillent entre le prophétique et l’apocalyptique. Malgré une représentation circulante d’une IA neutre et objective, cet artefact est à la fois social, discursif et technique. Partant d’une enquête réalisée au sein de la division de la Diversité et de l’Inclusion d’Orange Groupe, cette thèse propose d’interroger, au prisme d’une perspective intersectionnelle, les discours et les dispositifs techno- et socio-discursifs qui participent à l’actualisation des rapports sociaux articulés en contexte de gouvernance de l’IA globalisée. D’une part, il s’agit d’appréhender les façons dont l’IA participe à des processus inégalitaires et discriminatoires, générant des oppressions algorithmiques. D’autre part, à partir de dispositifs produits par des organisations hétérogènes, il est question de saisir les modalités, entre autres discursives, qui construisent ce qu’est supposée être une IA dite « éthique », « juste et équitable ». Pour interpréter ces observables et retracer les « jeux de ficelles » qui composent l’IA et sa gouvernance à des échelles micro, méso et macrosociologiques, nous mobilisons une analyse du discours « contre-hégémonique » et une approche communicationnelle des organisations. L’ethnographie d’entreprise menée au sein d’Orange donne à voir des négociations entre les intérieurs et les extérieurs de l’organisation en matière de gouvernance, par lesquelles nous observons des processus de qualifications de l’IA, de son « éthique » et de son principe « justice et équité ». Ces analyses de dispositifs et de discours d’une gouvernance globalisée et située témoignent d’une mise en sens de l’IA et de son déploiement, ainsi que de processus d’éthicisation du monde social et de ses artefacts. Quant aux formules sémio-politiques de l’IA « éthique », elles établissent des définitions de l’(in)acceptable en matière de modes de vie future et d’(in)égalités. Partant de l’analyse intersectionnelle du principe « justice et équité », nous constatons divers paradoxes en matière d’égalité et de non-discrimination. Ces dispositifs de « gestion des risques » sous couvert d’éthique et à travers l’IA contribuent à automatiser des processus par lesquels les rapports sociaux, leur articulation et leurs conséquences sont invisibilisés, réifiés et/ou essentialisés. Finalement, la gouvernance de l’IA globalisée permettant le déploiement d’une IA au sein des systèmes d’oppression tend à actualiser ce qu’elle critique et à maintenir, voire justifier les structures de pouvoir et leurs caractères systémiques.