Thèse soutenue

Parole de physicien : le rejet du discours philosophique dans la cité démocratique selon Platon

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Auteur / Autrice : Michel Restog
Direction : Arnaud Macé
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 06/12/2022
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : établissement de préparation : Université de Franche-Comté (1971-....)
Laboratoire : Logiques de l'Agir (Besançon)
Jury : Président / Présidente : Olivier Renaut
Rapporteur / Rapporteuse : Létitia Mouze, Dimitri El Murr

Résumé

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Ce projet vise à lire Platon en tant que physicien. Ce qui sous-entend que d’une part il a fait de la physique à travers sa philosophie, et de l’autre que le lecteur devra se faire physicien afin d’apprécier son travail à sa juste valeur. Mais pour en arriver là, il faudrait d’abord savoir ce qu’est un physicien. Ce titre est un dérivé de « phusis » qui signifiait nature en grec. Le verbe qui lui est rattaché phuein impliquait la naissance et la croissance. Le physicien est celui qui sait ce dont il parle parce qu’il connaît la nature des choses, la façon dont elles viennent à l’existence et la façon dont elles périssent ; au contraire le locuteur lambda s’exprime sans comprendre. Le physicien s’explique. En premier il observe, puis il fait des hypothèses vérifiées par l’expérience, et enfin il en tire des conclusions. Et une fois trouvées les règles intangibles qui commandent les cycles d’une chose, le physicien peut prévoir en son endroit une longue suite d’évènements. Lire Platon en tant que physicien c’est décider de s’en arrêter à ses seules démonstrations. C’est savoir se contenter de vérifier s’il y a une correspondance entre ce qu’il aura pensé et les faits. C’est apprécier les raisons qu’il aura donné pour rendre compte des différentes variations que nous pouvons observer. La vérification s’opérera à partir de L’Apologie de Socrate en comprenant la condamnation de ce dernier comme nécessaire. L’hypothèse est que sa mort fut la conséquence directe de son activité physicienne dans une démocratie. Un homme qui expose la nature de la cité avec pour seul soucis non le bon plaisir mais la vérité, peut s’attendre en retour à de l’hostilité. Je suis conscient que cette approche soulève de nombreux problèmes. Au premier rang de ceux-ci peut être inscrit la question de la nécessité de cette mort. Platon et Aristote n’en étaient pas moins philosophes que Socrate, pour quelles raisons n’ont-ils pas connu le même sort ? Se pose aussi la question de l’équivalence des protocoles avancée comme méthode de travail, est-elle vraiment possible ? Est-elle raisonnable ? Car si la philosophie est une physique, elle devrait être objective ? Donc il ne devrait pas y avoir de variations d’un sujet à un autre quant à ce qu’il faut penser d’une chose ? Ou s’il devait y avoir variation, elle ne devrait pas être fonction de l’opinion de chacun. Alors comment expliquer que la devise socratique (tenant qu’il vaut mieux subir une injustice que la commettre) semble sensée pour l’un et de la folie pour les autres ? Être physicien ce saura être capable de répondre à ces questions à l’aide d’une même règle.