Thèse en cours

La fabrique de l'éclectisme ornemental au XIXe siècle, l'œuvre de Jean-Baptiste Plantar (1790-1879)

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AttentionLa soutenance a eu lieu le 10/09/2024. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Justine Gain
Direction : Jean-Michel Leniaud
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Inscription en doctorat le 31/08/2018
Soutenance le 10/09/2024
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Histoire de l'art, des représentations et de l'administration dans l'Europe moderne et contemporaine (Paris)
établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)

Résumé

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Dernier sculpteur des Bâtiments du roi, Jean-Baptiste Plantar (1790-1879) est un ornemaniste particulièrement prolifique de la première moitié du XIXe siècle. Issu d'une famille de sculpteurs de l'Académie de Saint-Luc, il effectue un bref passage à l'École des beaux-arts avant de s'orienter vers la sculpture d'ornements. Au début des années 1820, il s'établit à son compte à la tête d'un nombre considérable de praticiens, qu'il forme pour partie. Cet atelier, installé passage Sainte-Marie, est principalement dédié à la sculpture d'ornements monumentale. Dès lors, Plantar œuvre sur les chantiers les plus prestigieux de son époque (Louvre, Palais-Royal, Fontainebleau, Versailles, Compiègne ou Vincennes) et capte progressivement une part conséquente d'un marché lucratif. Cet avantage se matérialise autour de 1829 lorsqu'il obtient le titre de sculpteur des Bâtiments du roi, lui garantissant ainsi l'accès régulier à des chantiers d'envergure. Cette concentration des commandes concourt à la cohérence de l'architecture du premier XIXe siècle, qui se trouve être le terrain de l'éclosion de l'éclectisme. Si la référence à l'Antique domine encore les espaces de représentation du palais, le goût pour le passé s'immisce dans les intérieurs à la faveur des ornements sculptés par Plantar, mais aussi par une cohorte d'artistes (bronzier, stucateurs, ébénistes) qui œuvrent aussi sous la direction de l'architecte en charge du chantier. Cette pratique trouve une source d'inspiration spécifique chez Plantar, notamment à travers son implication dans la restauration de monuments anciens. À la chapelle du château d'Amboise, à la cathédrale de Reims ou à Notre-Dame de Paris, il intervient pour restaurer le décor extérieur, parfois en ayant recours à des techniques innovantes, ou en le réinventant entièrement. De l'architecture, un autre glissement s'effectue, cette fois-ci vers les arts décoratifs et l'industrie. Dès ses débuts, Plantar contribue en sous-main aux ouvrages de nombreux orfèvres, notamment ceux de Fauconnier, dont l'atelier constitue l'un des laboratoires de l'éclectisme. Ce dernier collabore avec plusieurs professionnels (Barye, Liénard, Chenavard), tous acteurs de ce nouvel « âge d'or des arts décoratifs ». Parallèlement, l'ornement se démocratise par le moyen de l'industrie alors que les premiers fondeurs (Ducel, le Val d'Osne ou Calla) s'établissent et convoitent une clientèle bourgeoise. L'implication de Plantar, artiste de la Couronne, dans le développement de cette production est l'un des jalons essentiels pour comprendre cet éclectisme, cette cohérence ornementale entre architecture et arts appliqués. Néanmoins, en dépit de ce rôle névralgique, il demeure dans l'ombre de l'architecte comme de l'orfèvre, tributaire de l'anonymat dans lequel les sculpteurs-ornemanistes sont plongés durant la première moitié du siècle. Artiste des beaux-arts, Plantar ne l'est donc qu'à demi dans l'esprit de ses contemporains. C'est en revanche un serviteur bien identifié du pouvoir, dont plusieurs centaines de documents comptables témoignent, et sont principalement conservés aux Archives nationales et aux Archives de Paris. L'autre pilier sur lequel s'appuie nos recherches est la masse de dessins produits par l'atelier. Ce sont près d'un millier de feuilles réparties entre l'Institut national d'histoire de l'art à Paris, le Getty Research Institute à Los Angeles, le musée Carnavalet, le château de Versailles, celui de Fontainebleau ou encore le Fine Arts Museum de San Francisco. Il s'agit ainsi de dégager le rôle essentiel joué par Plantar, sculpteur-ornemaniste, dans la fabrique de l'éclectisme du XIXe siècle. Très partiellement traité en tant que tel en architecture, souvent exclusivement rapporté aux domaines des arts décoratifs, la question de l'ornement – et par là, des sculpteurs-ornemanistes – constitue si ce n'est la pierre angulaire, tout du moins le dénominateur commun entre le bâti et tous les autres arts qui s'y rattachent.