De linclusion à la pluralité : le design à lépreuve de la normalité Vers une recherche-projet située depuis lautisme à luniversité
Auteur / Autrice : | Manon Menard |
Direction : | Michela Deni |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Arts Appliqués : Design |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 09/06/2023 |
Etablissement(s) : | Nîmes |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Risques et Société (Nîmes ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : PROJEKT équipe d'accueil en Design |
Jury : | Président / Présidente : Antonella Tufano |
Examinateurs / Examinatrices : Michela Deni, Anne Bationo-tillon, Anthony Masure, Ruedi Baur, Marion Coville, Marianne Guarino-huet, Saul Pandelakis | |
Rapporteur / Rapporteuse : Anne Bationo-tillon, Antonella Tufano |
Résumé
Le déploiement de politiques publiques en faveur de linclusion sociale et pédagogique depuis une vingtaine dannées, en France (lois de 2005 et 2013) et à linternational (Convention de lONU en 2006), est habituellement souligné comme un changement de paradigme positif concernant les droits en matière de justice sociale pour le handicap. Le consensus autour de la notion dinclusion interroge cependant les enjeux politiques et les systèmes socio-économiques que sous-tendent les différentes sphères où sont tenus les discours et les actions en sa faveur (institutionnelle, académique, associative, privée). Cette disparité contextuelle montre que la conceptualisation de linclusion appliquée au domaine des affaires humaines dessine des idéaux sociétaux divergents, ainsi que des façons dappréhender les expériences des personnes handicapées. À cet égard, les travaux en design et leur historicité occidentale sont significatifs de la façon dont les enjeux en termes dinclusion se problématisent et se traduisent au sein des pratiques de conception des corps (psychique et physique) handicapés. Ce constat questionne les modalités dinclusion en tant quinstruments de pouvoir et de normalisation et la manière dont le design sincarne dans ces processus de contrôle comme support ou transformateur. Inscrite dans le cadre dun programme national pour linclusion des étudiants et étudiantes autistes à luniversité (programme NCU « Aspie-Friendly, construire une université inclusive »), cette thèse en design étudie les enjeux socioculturels et politiques dun design dit pour linclusion et la manière dont la mise en place des cadres de conception met les personnes en situation de handicap, et plus spécifiquement les personnes autistes, à lépreuve de la « normalité ». Depuis notre expérience en tant que designer graphique intégrée au sein dun programme de recherche participatif (Aspie-Friendly), nous proposons de rendre compte des interrelations existantes entre la considération de lindividualisation des personnes autistes, celle de leur participation au sein dun projet de conception, et celle de la figure du designer, appelé pour résoudre des problématiques sociales en contexte pédagogique. Selon lanalyse critique du concept dinclusion et par une première étude de terrain liée à un hackathon « Aspie-Friendly », nous proposons de dépasser lapproche « solutionniste » du design tout en soulignant des angles morts « validistes » persistants. À cet égard, notre argumentaire est soutenu par des apports théoriques en feminist et critical disability studies afin de reconsidérer les pratiques participatives en design comme « problématisantes » et « dialogiques » telles quelles sont envisagées en pédagogie critique freirienne. Cest selon cette perspective que nous avons développé le projet de design participatif « Je suis autiste et » avec des étudiantes et des étudiants autistes de lassociation La Bulle !. Cette initiative apporte des perspectives de méthodologies participatives au sein de projets liés aux thématiques de vies lésées par la culture dominante, en privilégiant une praxis solidaire en design, et en passant dun design pour linclusion à un design pour la pluralité.