Thèse soutenue

Rôles métaboliques d’acyl coenzyme A-binding protein (ACBP)/diazepam binding inhibitor (DBI)

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Auteur / Autrice : Adrien Joseph
Direction : Guido KroemerMaria Castedo
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Aspects moléculaires et cellulaires de la biologie
Date : Soutenance le 11/10/2021
Etablissement(s) : université Paris-Saclay
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cancérologie, Biologie, Médecine, Santé
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Métabolisme, cancer et immunité (Villejuif, Val-de-Marne)
référent : Université Paris-Saclay. Faculté de médecine (Le Kremlin-Bicêtre, Val-de-Marne ; 2020-....)
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Life Sciences and Health (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Catherine Brenner-Jan
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Noirez, Jose Manuel Fuentes Rodriguez, Céline Cruciani-Guglielmacci, Pascal Ferré
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Noirez, Jose Manuel Fuentes Rodriguez

Mots clés

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Résumé

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L’obésité est un important problème de santé publique et a pris des proportions épidémiques chez les adultes et les enfants au cours des dernières décennies. Acyl coenzyme A binding protein (ACBP), également connue sous le nom de diazepam binding inhibitor (DBI), est une protéine aux fonctions multiples possédant des actions intracellulaires au travers du transport de molécules d’acyl-CoA et de la régulation du métabolisme lipidique (en tant qu’ACBP) et extracellulaires au travers de son interaction avec le site de fixation aux benzodiazépines du récepteur de l’acide γ-aminobutyrique (GABA) (en tant que DBI). Récemment, il a été montré que sa neutralisation génétique ou à l’aide d’anticorps entraine des effets anorexigènes, réduisant la prise alimentaire et la prise de poids et induisant des réactions lipo-cataboliques chez la souris. Cependant du fait de son action centrale, la crainte d’effets indésirables neurologiques ou psychiatriques limite son potentiel en tant que traitement de l’obésité chez l’Homme. Au cours de mon projet de thèse, nous nous sommes d’abord intéressés aux rôles psychiatriques d’ACBP/DBI. Nous avons montré que l’injection intraveineuse d’ACBP/DBI conservait son effet orexigène lorsque la protéine était mutée de façon à abolir la liaison à l’acyl-CoA, mais perdait cet effet chez les souris porteuses d’une mutation du récepteur GABA. Les anticorps anti-ACBP/DBI injectés par voie intraveineuse ou intrapéritonéale n’avaient pas d’action sur le comportement des souris. Cependant, l’injection d’ACBP/DBI augmentait l’immobilité au cours du test de nage forcée, tandis que l’injection d’un anticorps anti- ACBP/DBI annulait ce signe de dépression. Chez les patients souffrant de trouble bipolaire ou de schizophrénie, ACBP/DBI corrélait avec l’indice de masse corporelle quel que soit le diagnostic et n’était pas influencé par celui-ci. En résumé, il apparaît que la neutralisation d’ACBP/DBI n’entraine pas d’impact psychiatrique péjoratif et que son niveau chez l’homme n’est pas influencé par la présence d’un trouble bipolaire ou d’une schizophrénie. Nous nous sommes ensuite intéressés plus précisément aux rôles métaboliques d’ACBP/DBI. Nous avons montré que le knock-out d’ACBP/DBI dans le seul tissu adipeux était suffisant pour prévenir le développement de l’obésité induite par un régime riche en graisses. Sa neutralisation par un anticorps monoclonal spécifique réduisait la prise alimentaire excessive de souris en jeûne ou déficientes en leptine, mais pas chez les souris traitées par la ghréline. Nous avons ensuite mesuré les concentrations plasmatiques d’ACBP/DBI dans plusieurs cohortes de patients et retrouvé un double schéma de régulation. Chez des sujets sains, les concentrations d’ACBP/DBI corrélaient avec l’indice de masse corporelle et l’âge. Ces corrélations sont perdues chez les individus qui présenteront une importante prise de poids dans les années qui suivent le dosage, ainsi que chez les patients atteints d’un cancer avancé ou après un jeûne. Le jeûne volontaire, la dénutrition chez les patients atteints d’un cancer avancé et la chimiothérapie entrainaient une augmentation de la concentration plasmatique d’ACBP/DBI. En conclusion, ces résultats supportent l’hypothèse d’un rôle majeur d’ACBP/DBI dans la régulation du métabolisme énergétique ainsi que la perte de son homéostasie, et positionnent cette molécule comme une cible thérapeutique potentielle.