Projet de thèse en Sciences humaines et humanités nouvelles spécialité Sociologie du travail
Sous la direction de Corinne Gaudart et de Fabienne Berton.
Thèses en préparation à Paris, HESAM , dans le cadre de École doctorale Abbé Grégoire (Paris) , en partenariat avec Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (Paris) (laboratoire) et de Conservatoire national des arts et métiers (France) (établissement de préparation de la thèse) depuis le 01-09-2018 .
Cette thèse porte sur les actions mises en place par les individus pour articuler leurs sphères de vie privée et professionnelle. En envisageant ces actions non pas comme naturelles ou automatiques mais comme un travail en soit, un travail qui demeure très peu visible jusqu'à présent. Le travail d'articulation serait le résultat d'un ensemble d'actions entreprises de manière directe ou discrète par chaque individu pour coordonner le dynamisme des régimes temporels dans lequel il évolue. Plus spécifiquement, il sera ici question des actions qui organisent l'articulation des temps sociaux, en prenant en compte le fait que ces temps constituent une variable limitée, et qu'ils sont à la fois soumis à des contraintes collectives (familiales, collectifs de travail, normes sociales, etc.) et liées aux dispositions et aptitudes individuelles (caractéristiques sociodémographiques, état de santé, trajectoire de vie et trajectoire professionnelle, etc.). Ces actions oscilleraient donc entre des réactions aux déterminismes des cadres sociaux temporels et des marges de manœuvre individuelles. En abordant les temps sociaux comme une dimension à la fois prescrite et réelle l'articulation entre les sphères de vie peut être perçue comme une ressource ou comme une contrainte. Car n'est pas la coexistence de plusieurs dimensions de vie qui poserait un problème de facto, compte tenu que les dimensions de la vie d'un individu sont poreuses et interagissent le long de son parcours de vie. C'est le cumul des charges associées à chaque sphère de vie qui peut être problématique dans le sens où il peut provoquer une « surcharge ». Cette « surcharge » peut être abordée comme un facteur d'inégalité, tel qu'étudié dans les études sur la « conciliation travail-famille » sous l'axe du genre, mais elle peut aussi être abordée comme un phénomène portant atteinte à l'état de santé physique et mental d'un individu (bien-être et qualité de vie au travail et hors travail) comme on se propose de faire dans cette étude. On s'intéresse ici à la manière dont les individus construisent l'articulation de leurs cadres temporels pour en faire des « milieux temporels » (Grossin, 1996). Quelles stratégies mettent en place les individus pour moins subir les temporalités de leurs sphères de vie ? Comment font les individus pour articuler leurs sphères de vies dans des configurations dynamiques et complexes ? Dans quelle mesure la marge de manœuvre dans ces « configurations redoutées » joue sur l'état de santé de l'individu ? Cette étude sera réalisée en employant une démarche pluridisciplinaire, à partir d'une enquête sociologique quantitative et qualitative. Plus concrètement elle se basera sur l'exploitation des données de l'enquête Parlons Travail (CFDT, 2016) et des entretiens semi-directifs répétés, afin de confronter les données issues de chaque méthodologie et travailler sur leur complémentarité.
Study of work-life balancing activities
This thesis aims to study the actions that individuals make in order to manage their work-life balance. By focusing on these actions, the work that it takes to put them in place (either if it is consciously made or not) becomes visible, and stops being seeing like a natural balance of time. To study the activity of work-life balancing it is necessary to take in to account all the dimensions of time. Those that are limited (hours, days, etc.) and those that are enforced by others (family, colleagues, employers, institutions, etc.). Also, the actions individuals put in place to handle the work-life balance depend on several factors of the individual's life and work situation (age, sex, background, social status, employment past, income, the room of maneuver that he or she has to act, etc.). This work-life balancing actions can be perceived by the individual either as a resource or as a coercion. Moreover, as several gender studies on work-family balance have showed, time balance plays a role in gender inequalities. On a similar perspective time-management could also be studied as a social phenomenon influencing individual's physical and mental wellbeing. In order to do so, this thesis aims to understand the strategies that individuals put in place to build their own time balance. Two approaches will be deployed: a quantitative one based on the numerical analysis of the survey Parlons Travail, and a qualitative study based on sociological interviews.