HOSPITALITÉ HOSPITALIÈRE ET LAÏCITÉaccueillir et (se) recueillir pour soigner
| Auteur / Autrice : | Joël Ceccaldi |
| Direction : | Eric Fiat |
| Type : | Projet de thèse |
| Discipline(s) : | Philosophie pratique |
| Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 05/05/2025 |
| Etablissement(s) : | Université Gustave Eiffel |
| Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Organisations, marchés, institutions |
| Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : LIPHA - Laboratoire Interdisciplinaire d'Etude Politique HANNAH ARENDT |
| Jury : | Président / Présidente : Dominique Folscheid |
| Examinateurs / Examinatrices : Eric Fiat, Donatien Mallet, Jean Philippe Pierron, Corine Pelluchon, Agata Zielinski, Valentine Zuber | |
| Rapporteurs / Rapporteuses : Donatien Mallet, Jean Philippe Pierron |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Hospitalier. Un seul et même mot pour qualifier deux choses : décliné au masculin, un dispositif matériel pour accueillir quiconque voit sa santé flancher et cherche de laide ; décliné au féminin, une disposition immatérielle qui incline le clinicien à laccueil le plus large possible, nonobstant létat de santé de lhôte. Un mot qui prend toute sa valeur quand son double sens se traduit dans les faits par ce qui est le cur du métier hospitalier : une authentique rencontre entre un hôte soignant et un hôte soigné, dans toutes les dimensions de leur être desprit. Rencontre qui fera événement dans la mesure où lun et lautre se sentiront assez libres pour échanger sur un pied dégalité, avec un minimum dégard pour ce qui leur tient à cur et de considération pour ce quils croient. Or dans notre contexte laïque, ni religieux ni anti-religieux en principe, cest la discrétion de lautocensure qui prévaut en matière dexpression de la foi dans lespace public, et le silence complet en service public, sous couvert de neutralité. Comment dans ces conditions ne pas voir la conversation religieuse ou spirituelle en hôpital comme une forme de trahison et/ou de transgression ? En exerçant, au-delà des devoirs et des vertus daccueil, une hospitalité angélique qui voit comme un soin à part entière lannonce et linformation indispensables à linstauration dune confiance et au maintien dune espérance minimales face à un mal grave. Cette hospitalité élargie ouvre sur quatre chemins à suivre par les compagnons dans la quête dune vérité à annoncer qui les affecte lun et lautre différemment certes, mais incontestablement. Vérité dune information scientifiquement aussi exacte et psychologiquement aussi peu violente que possible. Vérité dun annonceur suffisamment fiable pour susciter et entretenir avec la personne soignée la confiance et lespoir nécessaires pour continuer à vivre avec et malgré ce qui advient. Vérité dun franc-parler dont la profondeur de pénétration et lappropriation par la personne devront la transformer et la mettre suffisamment en forme pour affronter le mal annoncé et sadapter à toutes ses conséquences, en mobilisant librement dans ce but toutes ses ressources, y compris religieuses et/ou spirituelles le cas échéant. En assortissant notre dispositif hexagonal dune disposition laïque du for interne propre à rendre disponible à légard de laltérité de lhôte reçu pour un soin. Cette disponibilité résulte dun lent travail sur soi, toujours à reprendre et jamais définitivement achevé, fait dun dialogue intérieur sans cesse repris au fil des rencontres, soignantes ou non. Confrontation au sein de lintime entre un soi citoyen et un moi « autochtone » (Levinas) dont « la séparation est la constitution même de la pensée et de lintériorité, cest-à-dire dune relation dans lindépendance ». En hôpital, cest entre le soi du praticien dit hospitalier et le moi des convictions et des préjugés à discerner et à lever que se joue le degré douverture et de chaleur de laccueil, avec à la clé la contingence dune rencontre soignante ou dun compagnonnage doù jaillira peut-être, comme létincelle disruptive, quelque chose de bouleversant pour les deux hôtes que le soin nécessaire aura suffisamment rapprochés lun de lautre pour quils se sentent libres déchanger sur ce quils croient, au-delà de ce quils croient savoir. Au final, deux propositions qui sancrent dans la conviction quhospitalité et laïcité, loin de sexclure mutuellement, vont ensemble : à côté du recueil nécessaire des données pour toujours mieux soigner, consentir à se recueillir pour mieux recueillir lautre, avec ses doutes et ses ressources, ne peut quamplifier notre accueil, améliorer la qualité de nos soins et humaniser notre accompagnement.