Thèse en cours

De la critique du travail à la critique de la forme-sujet. Analyse, à partir du développement kurzien de la critique de la forme-sujet au sein de la théorie critique de la valeur-dissociation, du traitement de la subjectivité au sein de l'œuvre d'André Gorz, du marxisme « humaniste » et sa confrontation avec d'autres courants philosophiques en France à partir des années 1940.

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Ivan Recio
Direction : Patrick Savidan
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2018
Etablissement(s) : Paris 12
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Cultures et Sociétés
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lettres, Idées, Savoirs (Créteil)

Résumé

FR  |  
EN

Cette étude veut participer à refonder la critique du capitalisme à travers une approche originale du concept de domination. Elle confronte les thèses de Robert Kurz sur la forme-sujet, qui s'inscrivent dans la théorie critique de la valeur-dissociation, avec le traitement de la problématique de la subjectivité dans l'œuvre d'André Gorz, tout en revenant sur les discussions qui ont lieu à partir des années 1940 entre le marxisme dit « humaniste » et son dialogue avec d'autres courants philosophiques comme l'existentialisme. La critique de la valeur - développée comme critique de la valeur-dissociation après une scission en 2004 par le groupe Exit ! - regroupe des théoriciens critiques souhaitant relire Marx au-delà de Marx et du marxisme « traditionnel », d'abord autour de deux revues en Allemagne à partir des années 1980 puis au Brésil et plus récemment en France. Elle ne permet pas seulement une refondation théorique pour comprendre et critiquer le capitalisme et sa domination « impersonnelle », mais aussi des relectures critiques d'autres développements théoriques, plus anciens. C'est ce que notre thèse cherche à faire. L'enjeu de cette étude est d'abord de présenter ce courant de pensée, tant dans ces développements présents que dans son évolution historique. Nous montrons que ce courant théorique passe d'une critique du travail à une critique de la forme-sujet moderne, ce qui lui permet de dépasser les impasses de la critique du travail depuis la troisième révolution industrielle, qui ne cesse de reposer les mêmes questions sans avancer d'un pas supplémentaire. Nous proposons alors une révision critique du débat sur « la fin du travail » en France et un traitement de ses contradictions théoriques et pratiques. Au sein de ce débat impliquant des disciplines très différentes – psychopathologie du travail, sociologie du travail, philosophie du travail, etc. –, André Gorz est celui qui développe la critique du travail la plus radicale mais aussi la plus instructive de par son évolution. Ainsi, il se rapproche de plus en plus d'une critique catégorielle du travail et de la critique de la valeur. Cela nous permet de montrer les différentes étapes d'une radicalisation de la critique du travail jusqu'à demander une critique de la forme-sujet du travailleur. Après cette deuxième étape, nous revenons sur l'œuvre d'André Gorz, au-delà de ses liens évidents avec la critique de la valeur, pour procéder à une relecture à « contre-courant », permettant de développer la critique de la forme-sujet. Un croisement entre les écrits existentialistes et marxistes-existentialistes d'André Gorz – le plus éloigné dans le temps de la critique de la valeur - et la critique de la valeur-dissociation, telle qu'elle s'est développée après Gorz, s'avère très fécond pour déployer la problématique de la critique la forme-sujet, que Robert Kurz désigne comme étant le nerf central d'une critique de la forme sociale capitaliste et de sa « domination sans sujet ». Nous montrons alors la fécondité inexploitée des discussions qui ont eu lieu en France à partir des années 1940 autour du marxisme « humaniste » et notamment de l'existentialisme/la phénoménologie française, autour de la problématique de l'action subjective au sein d'une forme sociale qu'on désigne comme étant source de réification, d'aliénation, de fétichisme. Si Sartre, Lukacs ou encore Merleau-Ponty sont les noms les plus en vus dans ces discussions, nous montrons comment André Gorz apporte des contributions décisives. Nous ne restituons pas seulement un ancien débat théorique mais récupérons des développements qui trouvent une pertinence inédite et radicale, qui viennent après-coup enrichir la critique de la domination de la forme sociale capitaliste.