Thèse en cours

L'être-au-monde chez Tanabe Hajime et Nishitani Keiji

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Auteur / Autrice : Morten Jelby
Direction : Marc CréponMichel Dalissier
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 01/09/2018
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale École transdisciplinaire Lettres/Sciences
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pays germaniques, transferts culturels (Paris)
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)

Résumé

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Que le monde ne se réduit pas à la temporalité, que la corporéité ne se laisse pas élucider dans le cadre de l'ontologie fondamentale de Sein und Zeit, c'est une critique qui a été développée de multiples manières dans la phénoménologie française. Moins connues sont les réactions que suscita la pensée heideggérienne au Japon, dès le milieu des années 1920, au sein de l'école de Kyoto, contre l'arrière-fond d'une pensée de l'inscription du sujet dans le tissu du monde déjà très développée. Dans cette thèse, nous posons la question de cette inscription chez deux représentants de ce mouvement philosophique : Tanabe Hajime (1885-1962) et Nishitani Keiji (1900-1990). Nous remontons à la période de formation de Tanabe pour interroger le chemin qu'il fraie entre néokantisme et phénoménologie afin de rendre compte de la transcendance à travers la réalisation de la « conscience en général » dans une conscience effective. Nous discutons sa proximité avec la phénoménologie de la vie du premier Heidegger, ainsi que la dialectique « ontico-ontologique » du corps et le « schème du monde » qu'il lui oppose dès 1930. Le primat de l'espace sur le temps est un aperçu partagé entre Tanabe et Nishitani : le monde – l'unité originaire du temps et de l'espace – est conçu par ce dernier, dès ses premiers textes sur Bergson, comme une structure de l'apparaître même. Il n'est donc pas étonnant que ce penseur japonais placera plus tard au centre de ce que nous pouvons appeler son ontologie phénoménologique de la vacuité le Welten du monde. Tout en prolongeant une philosophie de la vie, l'ontologie de la vacuité tente, en faisant appel aux ressources bouddhiques, une radicalisation de l'ontologie heideggérienne, et met en avant une continuité ontologique plus profonde entre la subjectivité et les « choses ». Nous montrons comment ces deux penseurs japonais tentent d'échapper au subjectivisme qui à leurs yeux compromet l'ontologie fondamentale, en rendant au monde sa spatialité et subordonnant à sa dynamicité l'apparaître subjectif. Nous mettons au jour, en plus, le rôle déterminant que joue dans cette entreprise la poétique. Dans une perspective à la fois historique et problématisante, nous nous demandons donc comment nous pouvons repenser aujourd'hui, à la charnière de l'Occident et l'Orient, l'enracinement de notre être dans le monde à titre d'une condition transcendantale de l'apparaître.