Le adaptations théâtrales de Shakespeare en Algérie (1912-2019) : Enjeux politiques, culturels et artistiques
Auteur / Autrice : | Sarah Temmar |
Direction : | Florence March |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Études du monde anglophone |
Date : | Inscription en doctorat le 01/09/2018 |
Etablissement(s) : | Université de Montpellier Paul-Valéry |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : IRCL - Institut de recherches sur la renaissance, l'âge classique et les lumières |
Mots clés
Résumé
Cette recherche se propose d'interroger le rôle de Shakespeare en Algérie. A travers le théâtre, le cinéma ou la littérature, comment l'artiste algérien adapte-t-il ou représente-t-il les uvres shakespeariennes? Il faut d'abord regarder les débuts de Shakespeare en Algérie : Quand ? Où ? Pourquoi ? Par qui ? Et comment? En effet, on pense que la première pièce shakespearienne présentée en Algérie est Macbeth, en 1912. Le texte a été donné à l'Emir Khaled - petit-fils de l'émir Abd el-kader― par l'acteur libanais George Abiad qu'il a rencontré à Paris. C'était une traduction arabe de l'anglais par Mohamed Haft. Mohamed Kali soutient qu'en mettant en scène la pièce en arabe classique, les Algériens ont voulu préserver leur langue et leur identité menacées à l'époque par le colonisateur français. Il est intéressant de noter que l'introduction du théâtre shakespearien en Algérie a eu lieu précisément à l'époque où l'histoire du théâtre populaire a commencé en France avec Shakespeare comme modèle et vecteur (cf. Firmin Gémier). De plus, les Algériens ont imité le colonisateur français contre lequel ils ont prétendu réagir. En effet, de nombreuses pièces ont été présentées en français, et au milieu du XXe siècle, la Direction française de la jeunesse et de l'éducation populaire a jugé nécessaire d'organiser des stages d'art dramatique en Algérie par des instructeurs français. Ainsi, Henri Cordreaux et son épouse Yvette, Jean Rodien, Georges Robert d'Eshougues, Geneviève Baïlac, Raymond Hermantier et d'autres ont souligné l'importance du théâtre populaire ou du théâtre pour tous. Par exemple, Cordreaux a fondé l'Equipe théâtrale d'Alger en 1952 et a fait des tournées dans les plus petites villes d'Algérie. Le théâtre populaire a beaucoup enseigné aux artistes algériens et aux futurs metteurs en scène tels qu'Abdelkader Alloula, Oueld Abderrahmane Kaki, Allalou et Kateb Yacine sur l'importance du théâtre pour rassembler les gens. A la fin du vingtième siècle, des personnes comme Alloula ont réalisé que les pièces mises en scène en arabe classique attiraient principalement l'élite ou la bourgeoisie, alors que les simples citoyens, souvent illettrés, étaient exclus de ce théâtre. Par la suite, dans diverses performances, l'arabe classique a été remplacé par le dialecte algérien et, dans certains cas, des pièces ont été jouées en berbère, comme Jules César par l'association Tagherma à Béjaïa. Nous pouvons ici parler d'un modèle shakespearien du théâtre populaire. En effet, les dramaturges français et les metteurs en scène tels que Jean Vilar se sont inspirés de Shakespeare pour construire une vision du théâtre populaire aux XXe et XXIe siècles. On se demande alors quel est le rôle de la France dans l'introduction des principes du théâtre populaire en Algérie, et en particulier dans la médiation de Shakespeare comme modèle de théâtre populaire en Algérie ? En outre, selon M. Kali, les pièces shakespeariennes les plus souvent mises en scène étaient les pièces les plus sombres telles qu'Othello, Hamlet, Macbeth, King Lear et Jules César. Les comédies de Shakespeare ont également été mises en scène, comme La mégère apprivoisée, La nuit des rois, Les joyeuses commères de Windsor et Le Songe d'une nuit d'été. Il est important de noter ici que les adaptations shakespeariennes ont souvent été utilisées à des fins politiques, comme lors de la colonisation française, la décence noire ou le récent printemps arabe. Nous notons ici une adaptation de Macbeth de Djamal Guermi en 2014 à travers laquelle il voulait rappeler les coups d'État successifs dans le monde arabe. Les plus récentes adaptations ou performances shakespeariennes traitent d'une multitude de questions telles que l'islamophobie, le racisme, l'identité ou la nature humaine en général.