Thèse soutenue

La Nouvelle Athènes : sur la possibilité d'une rencontre entre la cité ancienne et les aspirations démocratiques contemporaines

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Auteur / Autrice : Chloé Santoro
Direction : Arnaud MacéYves Sintomer
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 04/03/2025
Etablissement(s) : Besançon, Université Marie et Louis Pasteur
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Logiques de l'Agir (Besançon)
Jury : Président / Présidente : Vincent Azoulay
Examinateurs / Examinatrices : Hélène Landemore, Nenad Stojanović
Rapporteurs / Rapporteuses : Vincent Azoulay, Haud Guéguen

Résumé

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Cette thèse de philosophie politique s'intéresse à l'Athènes des historiens, dont les débats et les avancées théoriques depuis une trentaine d'années jettent une lumière nouvelle sur certains aspects de la démocratie athénienne, envisagée comme un système à la fois institutionnel, social et épistémique. La réception inaboutie, par la théorie politique, de ces déplacements du côté de l'historiographie de l'Athènes classique est l'un des deux constats initiaux ayant donné lieu à ce projet de thèse. L'autre constat se situe de plain-pied dans le XXIe siècle, à l'intersection entre, d'un côté, un contexte de prolifération des expérimentations participatives et délibératives, s'accompagnant d'une production de données inédite jusqu'ici sur la délibération et, d'un autre côté, une difficulté à monter en généralité et à structurer ces expériences sur le plan normatif et en termes de projet politique, faute d'un précédent, de modèles éprouvés ou peut-être du paradigme adéquat. C'est ainsi que l'intuition d'un dialogue nécessaire, bien que malaisé, entre ces deux champs a mené à proposer un concept intégré de « démocratie radicale » qui permette une synthèse entre le précédent historique que représenterait l'Athènes classique et les aspirations contemporaines à une démocratisation, encore mal définie mais idéalement non anecdotique, de nos régimes électoraux. Ce travail de théorie politique, assorti d'une dimension empirique, s'appuie donc symétriquement sur deux « cas » que tout semble séparer : la démocratie athénienne, d'une part, selon l'analyse qu'en donne l'historiographie actuelle, et dont on cherche à défendre l'idée qu'il s'agit d'une forme aboutie, mais seulement partiellement connue, de régime de démocratie radicale ; et un dispositif délibératif contemporain, d'autre part, la Convention citoyenne sur la fin de vie (CESE, 2022-2023), qui présente à l'inverse une forme embryonnaire - à la fois d'un point de vue normatif et d'un point de vue procédural - d'un système de démocratie radicale à toute petite échelle, mais dont l'observation ethnographique a permis d'avoir une connaissance approfondie et une quantité de données significative, permettant en retour d'éclairer certains angles morts de l'étude de la démocratie ancienne. Le pari qui justifie ce travail de recherche est celui d'une normativité endogène des pratiques collectives, qui peut mener deux systèmes historiques, sociaux, philosophiques distincts, en l'absence de toute relation directe ou même indirecte entre ces systèmes, à produire des valeurs, des normes et des réflexes collectifs apparentés. C'est sur cette base que cette thèse se propose d'ébaucher une nouvelle conceptualisation de la démocratie radicale. Qu'il s'agisse d'un type de régime politique ou d'un espace décisionnel plus circonscrit aux règles spécifiques, on en vient à proposer l'idée que la démocratie radicale, comme autogouvernement populaire effectif, doit reposer de manière essentielle sur la décision collective, sur une importante rotation des charges de pouvoir, sur la centralité de la notion d'intelligence collective et sur un contrôle social au moins partiellement autonome.