Caractérisation computationnelle et cérébrale des mécanismes de catégorisation perceptuelle en situation d'incertitude
Auteur / Autrice : | Julie Drevet |
Direction : | Yvan Wyart |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences cognitives |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 19/09/2022 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de Neurosciences Cognitives et Computationnelles |
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Fabien Vinckier |
Examinateurs / Examinatrices : Valentin Wyart, Anne Urai, Benedetto De martino, Claire Sergent, Alizée Lopez-persem | |
Rapporteur / Rapporteuse : Anne Urai, Benedetto De martino |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
La prise de décision perceptuelle est rendue difficile par lincertitude inhérente aux informations sensorielles présentes dans notre environnement. Il est possible de réduire cette incertitude en combinant ces informations imparfaites, comme le formalise de façon optimale linférence statistique dite « bayésienne ». Mais ce processus dinférence demeure sous-optimal et contribue largement à la grande variabilité des décisions humaines. Pourtant, ces erreurs dites inférentielles sont le plus souvent sous-estimées par les théories existantes. Au lieu d'ignorer ces limitations profondes et d'approximer la prise de décision avec des modèles optimaux, cette thèse a pour but de mettre en avant les stratégies cognitives humaines déployées pour compenser ces limitations. Dans une première étude expérimentale, nous avons étudié la prise de décision catégorielle dans des environnements changeants. Dans ces conditions, les erreurs inférentielles interfèrent avec ce processus dinférence et provoquent des changements davis inopportuns. En développant puis en comparant différents modèles computationnels, nous avons montré que les sujets humains sont capables de contrebalancer la variabilité engendrée par leurs erreurs inférentielles en utilisant une stratégie dinférence dite conditionnelle : au lieu daccumuler systématiquement linformation bruitée, les croyances ne sont mises à jour que si cette information est jugée suffisamment fiable. Cette stratégie parcimonieuse permet non seulement de réduire les coûts cognitifs engendrés par des changements davis inopportuns, mais elle permet également de prendre objectivement de meilleures décisions. Dans une seconde étude expérimentale, nous avons comparé les stratégies cognitives déployées pour compenser les coûts des erreurs inférentielles pour deux types dincertitude souvent confondus dans la littérature : lincertitude sensorielle et lincertitude catégorielle. Cette étude a permis non seulement détablir que les sujets humains sadaptent à chaque type dincertitude en déployant des stratégies efficaces différentes, mais aussi de montrer que chaque stratégie saccompagne dune dynamique neurophysiologique propre en termes de dilatation pupillaire. Enfin, dans une troisième étude expérimentale, nous avons cherché à mieux comprendre sous quel format linformation sensorielle est représentée lors du processus dinférence. Les théories existantes soutiennent que linférence perceptuelle utilise : soit le format naturel ou sensoriel du stimulus (en représentant linformation dentrée liée aux caractéristiques pertinentes du stimulus pour la décision), soit le format de sortie de la décision (en représentant linformation liée à laction qui résultera de cette décision). Nous avons pu avancer et mettre en évidence une troisième hypothèse, selon laquelle linformation est accumulée sous un format intermédiaire compressé, en la réduisant aux dimensions définies par les catégories qui définissent la décision à prendre. En manipulant le format sous lequel linformation sensorielle peut être représentée, nous avons pu établir que les sujets humains préfèrent accumuler linformation sensorielle de façon compressée. Cette stratégie permet de prendre des décisions non seulement plus précises, mais aussi moins biaisées. Grâce à lanalyse multivariée des signaux magnétoencéphalographiques (MEG) enregistrés, nous avons pu corroborer cette hypothèse en décodant une signature neurale de la représentation compressée de linformation sensorielle pour linférence. La précision de cette signature neurale sest révélée prédictive de la qualité des décisions humaines. Pour conclure, cette thèse souligne la flexibilité de la cognition humaine lors de la prise de décision perceptuelle en situation dincertitude, et ouvre la voie à de nouvelles recherches qui pourront sappuyer sur nos résultats et les étendre.