Thèse soutenue

Evolution des régions non-recombinantes des chromosomes de types sexuels et dynamique des éléments transposables chez les champignons

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Auteur / Autrice : Marine Duhamel
Direction : Tatiana GiraudDominik BegerowRicardo Rodriguez de la Vega
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biologie
Date : Soutenance le 17/06/2022
Etablissement(s) : université Paris-Saclay en cotutelle avec Ruhr-Universität
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences du Végétal : du gène à l'écosystème
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Écologie, systématique et évolution (Orsay, Essonne ; 2002-....) - Evolution der Pflanzen und Pilze (Ruhr-Universität Bochum)
référent : Faculté des sciences d'Orsay
graduate school : Université Paris-Saclay. Graduate School Biosphera (2020-....)
Jury : Président / Présidente : Cécile Fairhead
Examinateurs / Examinatrices : Eva Stukenbrock, Gilles Fischer, Yannick Wurm, Minou Nowrousian
Rapporteurs / Rapporteuses : Eva Stukenbrock, Gilles Fischer

Résumé

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La recombinaison est bénéfique à long terme, permettant une sélection plus efficace. Cependant, la recombinaison peut être supprimée localement, comme fréquemment observé autour des régions génomiques déterminant la compatibilité sexuelle. Les chromosomes sexuels et les chromosomes de types sexuels peuvent présenter de grandes régions non recombinantes qui se sont souvent étendues progressivement au-delà du locus déterminant le sexe ou le type sexuel. La moindre efficacité de la sélection, en l'absence de recombinaison, entraîne l'accumulation d'éléments transposables (ET), qui pourrait constituer un réservoir d'ET, se propageant dans le reste du génome. Cette accumulation d'ET à l'échelle génomique pourrait avoir un impact important surson architecture et sa stabilité. Par exemple, les régions riches en ET présentent des taux de substitution et des réarrangements chromosomiques accrus. Bien que généralement délétères, ceux-ci peuvent également permettre une évolution rapide, comme suggéré chez certains champignons pathogènes. Au cours de ma thèse, j'ai étudié la formation et l'extension progressive de la suppression de recombinaison sur les chromosomes de types sexuels chez plusieurs espèces de champignons, en particulier du genre Microbotryum, qui sont des champignons castrateurs de plantes. J'ai également étudié la dynamique de l'accumulation des ET dans les génomes des champignons Microbotryum, en particulier dans les régions non recombinantes de leurs chromosomes de types sexuels, mais aussi leur rôle dans l'évolution rapide des effecteurs impliqués dans la spécialisation à l'hôte. En utilisant des méthodes de génomique comparative chez les champignons Microbotryum, j'ai trouvé des événements indépendants supplémentaires de suppression de recombinaison entre les loci de types sexuels, et d'extension progressive de la suppression de recombinaison au-delà des loci de types sexuels. J'ai montré que la liaison des loci de types sexuels chez Microbotryum pouvait se produire par des étapes successives de suppression de recombinaison. J'ai détecté et annoté les ET dans les génomes de 17 espèces de Microbotryum. Grâce au jeu de données unique comprenant 21 événements indépendants de suppression de recombinaison chez 15 espèces de Microbotryum apparentées, j'ai estimé le rythme d'accumulation des ET en fonction du temps écoulé depuis la suppression de recombinaison. J'ai montré que les ET se sont accumulés rapidement après la suppression de recombinaison (0-1.5 million d'années), avant d'atteindre un plateau. L'abondance des traces d'inactivation des ET par le RIP (repeat-induced point mutation), un mécanisme de défense génomique chez les champignons, n'a pas augmenté avec le temps depuis la suppression de recombinaison. L'accumulation d'ET dans les régions non recombinantes était principalement causée par une augmentation de rétrotransposons des superfamilles Copia et Ty3/Gypsy. En reconstruisant leurs généalogies dans plusieurs génomes de Microbotryum, j'ai montré que les rétrotransposons Copia et Ty3 s'accumulaient par saccades, à la fois dans les régions non recombinantes des chromosomes de types sexuels et dans les autosomes. Ces résultats suggèrent que l'accumulation des ET dans les régions non recombinantes des chromosomes de types sexuels peut avoir un effet sur l'ensemble du génome, comme le prédit l'hypothèse du réservoir d'ET. Cependant, les ET ne semblent pas jouer un rôle dans la spécialisation à l'hôte chez Microbotryum, puisque la comparaison du génome de trois espèces spécialisées sur différentes plantes hôtes n'a pas montré d'association particulière entre les ET et les gènes prédits comme codant des effecteurs. Les résultats présentés dans cette thèse montrent que les champignons sont des modèles émergents intéressants pour étudier l'évolution des régions non recombinantes et leurs conséquences à l'échelle du génome.