Thèse soutenue

Entre guérison et initiation : les interactions rituelles entre les chamans Shuars (Amazonie Equatorienne) et leurs clients occidentaux.

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Auteur / Autrice : Katarzyna Zajda
Direction : Michael Houseman
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Anthropologie
Date : Soutenance le 29/03/2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des mondes africains (France ; 2014-....)
Établissement de préparation de la thèse : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)
Jury : Président / Présidente : Anne-Marie Losonczy
Examinateurs / Examinatrices : Michael Houseman, Grégory Delaplace, Sara Le Menestrel, Andrea-Luz Gutierrez-Choquevilca, Julien Bonhomme, Patrick Deshayes
Rapporteurs / Rapporteuses : Grégory Delaplace, Sara Le Menestrel

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Cette thèse porte sur des « malentendus productifs » au cœur des rituels « néochamaniques » unissant chamans shuars et clients occidentaux. Elle se fonde sur un travail de terrain mené entre 2007 et 2012 en Europe (cérémonies de guérison où la plante hallucinogène d'ayahuasca joue le rôle central) et entre 2013-2014 chez les Shuar de l'Amazonie équatorienne (quête d'arutam et rite collectif natemamu associés par les Shuar à des contextes d'acquisition de pouvoir). En l'absence d'un système de représentations partagées et devant la nécessité d'un discours explicatif, le chamane occupe dans ces rituels une position paradoxale. De son point de vue, l'efficacité de son intervention est sous-tendue par l'obligation traditionnelle de se taire ; le vécu rituel fait partie d'un savoir non partageable et devrait donc rester secret. Mais pour les membres de l'assistance, cette efficacité dépend, au contraire, de l'aptitude qu'aurait le chamane à expliquer les expériences qu'ils y éprouvent. En même temps, les Occidentaux occupent une position aussi paradoxale, puisque pour eux le chaman doit chercher non pas simplement à révéler des secrets à ses clients mais à les révéler de tel façon qui leur permet d'avoir une expérience d'autorévélation. L'étude se focalise sur trois axes : (1) les conditions qui président à la rencontre entre chamans shuar et clients occidentaux, (2) les dispositifs rituels qui leur fournissent aux uns et aux autres les conditions d'une modification du rapport à soi, et (3) les interactions ordinaires (non rituelles) qui font émerger des nouvelles formes d'agir et interagir. L'hypothèse qui préside à ce travail est que le même rituel peut être vu à la fois comme un rituel chamanique et comme un rituel néo-chamanique en fonction du regard qu'on porte sur lui, et que le malentendu productif qui s'y met en place repose sur une interdépendance entre ces deux modes de participation fondés sur des logiques propres. La rencontre permet à chacun de se voir du point de vu d'un autre : elle permet au chaman de « nous souvenir de qui nous sommes », et à l'adepte néo-chamanique de « devenir soi-même. »