Emissaires d'une émancipation féminine juive : les institutrices de l'Alliance israélite universelle dans l'aire judéo-espagnole de l'Empire ottoman (1872-1924).
Auteur / Autrice : | Vincent Petit |
Direction : | Esther Benbassa |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire moderne et contemporaine |
Date : | Inscription en doctorat le 11/11/2014 Soutenance le 11/12/2023 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre Roland Mousnier |
établissement opérateur d'inscription : EPHE PARIS |
Mots clés
Résumé
Cette thèse porte sur les institutrices de l'Alliance israélite universelle (AIU), originaires de l'aire judéo-espagnole de l'Empire ottoman entre 1872 et 1924. En effet, l'AIU fondée à Paris en 1860 pour lutter contre l'antisémitisme et « relever » moralement et économiquement les communautés juives d'Orient, a rapidement développé un réseau scolaire, présent dans 14 pays de l'Afrique du Nord au Moyen-Orient. En 1914, 48 000 garçons et filles étaient inscrits dans l'une des 188 écoles primaires ou professionnelles francophones du réseau (sauf en Irak, anglophone), et principalement dans les grandes villes de l'Empire ottoman, situées dans l'actuelle Turquie, en Grèce et dans les Balkans. De l'ouverture de la première école à Volos en 1865 à la nationalisation de l'enseignement primaire dans la jeune République de Turquie par Mustafa Kemal en 1924, les institutrices de l'AIU ont contribué au premier mouvement massif de scolarisation des filles et à la transformation des murs des communautés juives de l'Empire ottoman, de culture judéo-espagnole pour la plupart, descendantes des juifs expulsés d'Espagne en 1492. La prédominance des institutrices d'origine judéo-espagnole au sein du corps enseignant a été mise en exergue par les études sur l'AIU. En effet, le recrutement d'enseignants pour diriger les écoles dans un réseau à la croissance rapide était un problème aigu pour l'AIU. Il était particulièrement difficile de recruter des institutrices pour les écoles de filles, d'une part en raison du manque d'enseignantes locales et du faible engouement des institutrices européennes pour embrasser une carrière au Maghreb ou en Orient d'autre part. Aussi, l'AIU a fait le choix de recruter son personnel parmi les meilleures élèves de ses écoles d'Orient, sélectionnées sur concours et formées à Paris. Les vies des institutrices de l'Alliance, partagées entre Orient et occident, formées dans l'unique école normale juive française invitent à la fois à s'intéresser à l'éducation féminine au XIXe et au début du XXe siècle dans l'Empire ottoman et en France, mais aussi à la formation des institutrices et à l'évolution de la condition des femmes dans ces sociétés. Leur correspondance régulière avec le siège parisien de l'Alliance constitue un corpus en français riche, dense et unique, car il documente l'histoire de la vie quotidienne des femmes juives d'Orient, grâce au témoignage laissé par ces femmes judéo-espagnoles résolument engagées dans une lutte contre la pauvreté et en faveur de la transformation des sociétés juives et de la condition féminine.