Thèse en cours

Pietro Paolini 'un peintre étrange et de noble inspiration'

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AttentionLa soutenance a eu lieu en 2021. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Dominique Le corre
Direction : Michel Hochmann
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Soutenance en 2021
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Savoirs et Pratiques du Moyen Âge au XIXe siècle (Paris)
établissement opérateur d'inscription : École pratique des hautes études (Paris ; 1868-....)
Jury : Président / Présidente : Olivier Bonfait
Examinateurs / Examinatrices : Michel Hochmann, Elena Fumagalli, Stefan Albl, Jean-Pierre Cuzin
Rapporteur / Rapporteuse : Elena Fumagalli

Résumé

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La thèse établit une nouvelle monographie de Pietro Paolini (1603-1681), le peintre le plus fameux de Lucques au XVIIe siècle, longtemps oublié et encore mal connu. Elle consiste d’abord en une refonte complète du catalogue, prenant en compte les recherches menées depuis la première monographie de 1987. Basée sur une vingtaine d’œuvres documentées et sur le connosseurship, elle aboutit à un corpus largement renouvelé d’environ cent vingt œuvres, permettant de tracer l’évolution stylistique de l’artiste. Elle distingue trois périodes : les débuts à Rome dans les années 1620, le retour à Lucques et les années 1630-1645, puis la production tardive et l’intervention de l'atelier. La monographie, qui situe résolument le peintre dans le cercle des caravagesques, illustre l’évolution très rapide de ce mouvement dans les années 1620 et le rôle pionnier de Paolini vers un caravagisme ennobli. Les découvertes récentes incitent à revoir complètement la nature de ses relations avec Angelo Caroselli, longtemps considéré comme son premier maitre. L’influence de Caravage et de Valentin de Boulogne sur l’artiste s’appuie sur des comparaisons formelles d’œuvres telles que Les Tricheurs. La thèse illustre aussi l’importance du néovénétianisme apparu dans les années 1620 à travers l’œuvre de Paolini, mettant en évidence, au-delà des références à Véronèse, l’influence de Dosso Dossi et de Lorenzo Lotto. Ses jeunes garçons au visage ovale, aux pommettes hautes et au regard ambigu qui portent des tenues Renaissance et transmettent un message, témoignent du giorgionisme du peintre. Après le retour à Lucques, les thèmes évoluent vers des allégories complexes imposant un effort de déchiffrement dont raffolaient les lettrés. La création de la première académie de peinture à Lucques, dans les années 1650, montre à l’échelon provincial l’importance renouvelée de l’apprentissage traditionnel basé sur la copie d’antiques auquel Paolini associe la couleur ; la monographie démonte aussi le mode opératoire de l’atelier dans la production d’innombrables scènes campagnardes. Paolini fut l’inventeur de motifs iconographiques extrêmement originaux dans le domaine de la musique ; la représentation de Luthiers appliqués à leur tâche et la paire du Joueur de luth et du Joueur de piva connurent une grande fortune. Dans le vaste ensemble de tableaux tardifs de qualité très hétérogène qui lui sont attribués, certains rapprochements ont permis de faire parfois la part entre ce qui lui revient et ce qui revient à son atelier. La thèse s’est enfin intéressée à la personnalité étrange et difficile à classer du peintre, très proche du milieu des lettrés de Lucques. Son goût pour l’étrange, sa manière particulière de déformer l’espace peuvent mettre mal à l’aise comme le regard intense, parfois inquiet, que nous adressent certains personnages dont il fit le portrait. Elle démontre le talent de Pietro Paolini qui possède une extraordinaire capacité à transmettre l’expression des sentiments par le regard.