Les céramiques chinoises en France 1844-1900 : commercialisation, enquêtes, expertise
Auteur / Autrice : | Pauline D'abrigeon |
Direction : | Jean-Michel Leniaud |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Histoire de l'art |
Date : | Inscription en doctorat le 31/08/2017 Soutenance le 11/01/2025 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Histoire de l'art, des représentations et de l'administration en Europe |
établissement opérateur d'inscription : EPHE PARIS |
Mots clés
Résumé
La seconde moitié du XIXe siècle voit naître en France un regain d'intérêt pour la porcelaine chinoise qui, en plus d'être collectionnée, devient un objet d'étude à part entière. La période est ponctuée de publications tantôt techniques tantôt historiques qui contribuent à extraire ces uvres du champ de la chinoiserie. Avec l'ouverture forcée de la Chine par les puissances occidentales suite aux guerres de l'Opium, un grand nombre d'objets se diffusent sur le marché européen, allant du bibelot aux chefs-d'uvre provenant des collections impériales du Yuanming yuan (Palais d'été). Le but de ce travail est d'envisager ce phénomène de manière holistique, en interrogeant conjointement les questions d'approvisionnement, de construction de nouveaux discours sur les uvres et d'histoire des collections. La première partie, dédiée à la commercialisation des porcelaines chinoises au XIXe siècle, s'intéresse à la Mission de Chine (1844-1846) et retrace l'histoire de ventes de porcelaines au Havre orchestrées par des armateurs allant s'approvisionner directement en Chine. Ils ouvrent la voient à la pratique de l'importation directe qui s'incarnera une décennie plus tard par la figure du marchand Guillaume Eugène Louyrette (1826-1901). D'autres acteurs de la circulation des porcelaines chinoises, les militaires, les consuls et représentants diplomatiques, rassemblent des collections en Chine qui viennent enrichir le marché de l'art parisien au moment de leur vente à l'Hôtel Drouot. Enfin la marchandisation à grande échelle des porcelaines chinoises à cette période se perçoit également à travers les activités des boutiques de thé et de chocolat dont les vitrines et les pratiques commerciales contredisent la relative absence des porcelaines chinoises dans les archives maritimes. La seconde partie explore un aspect des nouveaux discours élaborés autour de la porcelaine chinoise à cette époque : l'enquête technique. À travers l'étude exhaustive des archives de la manufacture de Sèvres concernant la Chine, cette partie revient sur les enjeux des missions, notamment celles de Joseph Ly (1803-1854), Jules Itier (1802-1877), Anatole Billequin (1836-1894), et Fernand Scherzer (1849-1886) dont elle tente de réévaluer l'apport. Parallèlement à ces recherches techniques, s'élaborent autour de la figure du collectionneur les premières tentatives de classification et d'expertise. La troisième partie se focalise sur la figure emblématique d'Albert Jacquemart (1808-1875), inventeur des termes « famille rose » et « famille verte », qui acquiert au cours des années 1860 un statut incontournable d'expert. Elle donne un nouvel éclairage sur la nomenclature complexe qu'il met au point en confrontant systématiquement ses écrits aux uvres existantes et en restituant l'apport des sciences naturelles dans son travail. La dernière partie questionne enfin la place des porcelaines impériales sur le marché de l'art parisien et dans les écrits d'amateurs. Dans quelle mesure les uvres issues des collections impériales ont-elles transformé les perceptions de l'époque ? Comment ont-elles été comprises et valorisées par rapport aux porcelaines d'exportation qui formaient jusqu'alors l'immense majorité des collections rassemblées ?