L'encadrement de l'émigration des travailleurs algériens au tournant de l'Indépendance en Algérie (1955-1973). Décolonisation, bureaucratisation et formation d'une capacité administrative algérienne autonome.
Auteur / Autrice : | Baptiste Mollard |
Direction : | Jacques de Maillard, Emmanuel Blanchard |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sciences Politiques |
Date : | Inscription en doctorat le 02/10/2017 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales et humanités (Versailles ; 2020-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (Guyancourt, Yvelines ; 1983-....) |
Référent : Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (1991-....) |
Mots clés
Résumé
La gestion et l'encadrement de l'émigration des travailleurs algériens à destination quasi-exclusive de la métropole ont fait l'objet à partir des années 1950 d'un investissement administratif sans précédent dans l'histoire de l'action publique coloniale en Algérie. Les candidats doivent en principe remplir certaines conditions au départ (être chômeur, passer une visite médicale et des tests psychotechniques) pour passer les contrôles de police dans les ports et aéroports d'Algérie. À partir de 1962, ces dispositifs d'encadrement ont été très largement repris et perpétués par l'élite politique et administrative du nouvel État algérien. En considérant cette continuité, l'étude de la séquence entre 1955 et 1973, c'est-à-dire depuis la genèse et la conceptualisation formelle des projets d'encadrement jusqu'à la suspension de l'émigration encadrée vers la France par le président Houari Boumediène, permet de rattacher le phénomène au processus long de formation d'un État algérien. Deux partis-pris méthodologiques et théoriques de cette étude entreront en résonance avec les plus récents développements des études historiques dîtes coloniales. L'abandon, d'abord, d'une périodisation binaire opposant colonial et postcolonial. En effet, après 1962, la maîtrise progressive et toute relative de son émigration par l'État algérien selon des impératifs nationaux, c'est-à-dire sa nationalisation, est loin d'être acquise mais au contraire perpétuellement négociée et renégociée avec l'ancienne métropole. Contre tout monolithisme, ensuite, une acception plurielle de l'Etat, notamment colonial. Son bras droit peut tout à fait servir d'instrument répressif, notamment pendant la guerre d'indépendance, tandis que le bras gauche vise, de manière complémentaire, à prendre soin des 'indigènes' à son service en leur proposant des places en métropole. Ce projet de thèse visera ainsi à rendre possible une sociohistoire de l'action publique sur un terrain jusqu'à aujourd'hui resté largement étranger à cette discipline : le contrôle étatique croissant des populations aux frontières d'Algérie.