Thèse soutenue

Accompagner les changements curriculaires vers l’approche par compétences dans les formations en santé : étude d’une stratégie de changement pragmatique portée par un individu-tercéisateur dans un institut de formation en ostéopathie français

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Auteur / Autrice : Paul Quesnay
Direction : Rémi GagnayreMarianne Poumay
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de l'éducation et de la formation
Date : Soutenance le 28/03/2023
Etablissement(s) : Paris 13 en cotutelle avec Université de Liège
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Érasme (Villetaneuse, Seine-Saint-Denis)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Éducations et pratiques de santé (Bobigny)
Jury : Président / Présidente : Jean-Luc Dumas
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Luc Dumas, Dominique Broussal, Marc Romainville, Jacques Tardif
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominique Broussal, Marc Romainville

Résumé

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Contexte : Les instituts de formation en santé qui doivent mettre en place les réformes par Approche Par Compétences (APC) sont peu accompagnés pour faire face au changement curriculaire de manière stratégique. Pourtant, il s’agit d’un enjeu majeur pour transformer les formations, considérant les ressources restreintes allouées à la pédagogie, comme c’est le cas en ostéopathie en France. Le recours à une stratégie de changement portée par un individu-tercéisateur, interne à l’institut, est ici questionné pour soutenir la mise en œuvre de l’APC. Objectifs : Étudier une stratégie de changement curriculaire portée par un individu-tercéisateur pour soutenir la mise en œuvre de l’APC dans une formation en ostéopathie. Il s’agit ainsi d’étudier la co-construction de la stratégie, de caractériser ses effets (changements et apprentissages aux niveaux individuel, collectif et institutionnel) et de caractériser les éléments clés de la stratégie.Méthode : Cette recherche-action-collaborative est une étude de cas réalisée dans un institut de formation en ostéopathie pendant 3,5 ans. La stratégie de changement étudiée s’appuie sur des « activités réflexives » (AR) de production, co-construites avec les coordinateurs pédagogiques (élaborer un référentiel, construire des situations d’enseignement-apprentissages, créer des outils d’évaluation clinique et des portfolios). Différentes techniques sont utilisées pour recueillir et trianguler les données : observations, cartes conceptuelles, analyse des documents pédagogiques, entretiens et enquêtes avec l’ensemble des acteurs de l’institut.Résultats-discussion : Les AR ont permis des actions au niveau individuel (coordinateurs pédagogiques) et au niveau institutionnel (relais par la direction). Le niveau collectif (coordinateurs et enseignants) a été moins été mobilisé (faible disponibilité). La stratégie de changement a instauré une dynamique qualifiée de « frontière », qui articule les séquences d’action aux différents niveaux. Elle a permis d’initier un changement curriculaire global vers l’APC. Cela se traduit par l’évolution des conceptions pédagogiques des coordinateurs et partiellement dans le discours institutionnel. Le changement a principalement concerné la formation clinique des étudiants, les outils d’évaluation et de nouveaux enseignements (formation clinique et à la recherche). Il existe des limites : le référentiel de compétences et les portfolios n’ont pas été institutionnalisés, les enseignements du 1er cycle n’ont pas évolué dans le sens de l’APC, ni la planification générale. La gouvernance est restée descendante et centralisée par un petit nombre d’individus. Cela permet de discuter l’apport de la stratégie initiée par un individu tercéisateur au regard des autres stratégies de changement. Les éléments clés identifiés pour favoriser le changement sont : la réflexivité en tant que moteur des apprentissages, l’individu-tercéisateur promoteur de changement, sa présence sur le temps long et la dynamique-frontière. Pour la gestion du changement, il s’agit de : la négociation d’AR, l’identification des conceptions sur l’APC et l’utilisation d’outils pour visualiser les changements.Conclusion : Nombre de formateurs en santé suivent des formations pour renforcer leurs compétences pédagogiques. Peu les prépare à la posture d’individu-tercéisateur qui pourrait être une stratégie pour initier le changement vers l’APC, d’autant plus quand l’institut n’a pas encore rassemblé toutes les conditions considérées comme porteuses dans la littérature. Par ailleurs, la pérennisation du changement questionne l’articulation de plusieurs stratégies pour le changement sein d’une stratégie mixte (associant également stratégie institutionnelle descendante ou avec des accompagnateurs externes). L’idée est partagée d’un état de « réforme permanente » où les réformes déclarées par les instances viendraient renforcer les expériences réalisées localement dans des instituts de formation précurseurs.