Thèse en cours

Umwelt, une approche biosémiotique de la plurivocité.

FR
Auteur / Autrice : David Decker
Direction : Pascal Nouvel
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le 18/10/2017
Etablissement(s) : Tours
Ecole(s) doctorale(s) : Sciences de l'Homme et de la Société

Résumé

FR

Le point de départ de cette étude est la formule suivante : être un animal c’est avoir un Umwelt. L’interprétation uexküllienne y est révélatrice d’une certaine intériorité des animaux. Même si Umwelt ne signifie pas seulement Innenwelt, l’usage synonymique et germanique courant du terme « Umwelt » pour signifier la nature objective est néanmoins mis à mal. Si le paradigme biosémiotique s’est servi, depuis ses débuts, du sens uexküllien de Umwelt comme un de ses éléments centraux, c’est certainement parce qu’il n’est ni simplement matériel, ni réservé à l’esprit. Ce paradigme n’a pas la prétention à l’objectivité absolue, il refuse le solipsisme et enfin il ne peut pas adhérer à une phénoménologie éliminatrice des connaissances scientifiques. D’après Donald Favareau, le projet inter- et transdisciplinaire de la biosémiotique cible une meilleure explication des phénomènes à partir du point de vue subjectif afin que la science soit bien plus compréhensible. De manière générale, il peut être interprété comme un appel aux penseurs de non seulement participer au réel, mais que notre liberté sémiotique nous permet de le créer et ce tel qu’il est interprété par les biosémioticiens - dans leurs milieux où «bio» signifie les processus biologiques et «sémiotique» signifie les processus de signes. L’attente qu’on peut avoir de ce qui est en cours de se constituer comme une discipline universitaire à part entière, mais qui est encore peu connu en francophonie, est non celle de dépasser ou de survoler le dualisme cartésien, mais de le traverser sémiotiquement pour ressortir ailleurs. Parmi les nombreux signes de telles sorties, il importe de souligner l’« objective reality » de John Deely et le « semiotic freedom » de Jesper Hoffmeyer. Est-ce que le clivage bipolaire entre sciences humaines et sciences de la nature n’aurait que trop duré ? Biosémiotiquement, l’Umwelt du chimiste ne paraît pas être foncièrement différente de celle du psychologue. Comme le fait remarquer Deely, la différence la plus significative se situe entre ces animaux qui utilisent des signes et ceux qui en plus de les utiliser savent qu’il y a des signes. En ce sens sémiotique, comprendre l’Umwelt humaine c’est tout d’abord savoir que c’est le sens véhiculé d’autres objets et de choses. Or, selon ce même auteur, une telle Umwelt ne cesse d’en être une. Aussi riche et complexe que puisse être l’Umwelt humaine, la différence de nature par rapport à d’autres animaux, dont leur Innenwelt est probablement dépourvue de tout langage, peut être écartée. L’émergence du débat éthique, face à ceux qui ont une Umwelt, dépend éventuellement d’une esthétique, dont celle d’entendre chaque voix qui nous est possible d’entendre. Dans cette étude, je serai attentif aux nombreux usages des métaphores musicales dans la protobiosémiotique et la protoéthologie de Von Uexküll. Il s’agit également d’une réflexion en zoosémiotique entre langage et communication interespèce, afin d’élaborer une approche (bio-)sémiotique de l’Umwelt comme plurivocité.