Thèse soutenue

Des civils au cœur de la guerre franco-allemande : écritures de soi et expériences sensibles (1870-1914)
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Auteur / Autrice : Sandra Chapelle
Direction : Odile Roynette
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 06/04/2022
Etablissement(s) : Bourgogne Franche-Comté
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, Espaces, Pratiques, Temps (Dijon ; Besançon ; 2017-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Interdisciplinaire de Recherches « Sociétés, Sensibilités, Soin » (Dijon)
établissement de préparation : Université de Bourgogne (1970-....)
Jury : Président / Présidente : Jacques-Olivier Boudon
Examinateurs / Examinatrices : Odile Roynette, Stéphane Audoin-Rouzeau, Stéphane Tison, Mareike König, Pascal Lécroart
Rapporteurs / Rapporteuses : Stéphane Audoin-Rouzeau, Stéphane Tison

Résumé

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Ce travail de recherche a pour objectif d’étudier les expériences de guerre des civils à travers les écritures de soi. À partir d’un corpus d’une centaine de textes, écrits entre 1870 et 1914, il s’agit d’analyser le conflit franco-allemand au plus près du vécu de ceux qui n’ont pas combattu, mais qui ont été au cœur de sa violence. Habitants et habitantes des territoires envahis, occupés, ou encore de cités assiégées, ces textes ouvrent les portes d’un quotidien – largement bourgeois – bouleversé par la guerre. Au fil de semaines marquées par des défaites militaires qu’ils ne comprennent pas, ces hommes et ces femmes consignent ce qu’ils voient, ce qu’ils entendent, ce qu’ils sentent, ce qu’ils touchent, ce qu’ils ressentent. Ces prises de notes quotidiennes permettent à l’historien de restituer toute une part d’un système d’affects aujourd’hui disparu et de mettre au jour les mécanismes utilisés par les non-combattants pour faire face aux événements qu’ils sont en train de vivre, en particulier la défaite. Ils se lancent dans une quête de sens qui prend des allures de voyages dans le temps, les (ra)menant alternativement dans l’Antiquité et au Moyen-Âge ; voyant dans le conflit de 1870, non plus un affrontement entre la France et les États allemands de la Confédération d’Allemagne du Nord, mais une lutte entre la civilisation latine et la « barbarie » germanique. Cette grille de lecture, née de la défaite, traduit une crise d’identité française à la fois morale et nationale. Aussi, les enjeux des écritures de soi des non-combattants entre 1870 et 1914 ne sont pas seulement liés au témoignage, mais aussi et surtout à la construction de la mémoire de la défaite qui doit permettre de rebâtir l’identité nationale française, dont les fondations, fragilisées tout au long du XIXe siècle, se sont effondrées face aux Allemands en 1870.