Thèse en cours

' Analyse Economique et Stratégies de valorisation agro-énergétique : Le cas de la jacinthe d'eau en Zone Office du Niger au MALI'

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Auteur / Autrice : Aly Badara Samassekou
Direction : Jean-Louis Monino
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Inscription en doctorat le 10/11/2017
Etablissement(s) : Université de Montpellier (2022-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Economie Gestion de Montpellier (2015-.... ; Montpellier)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : MRE - Montpellier Recherche en Economie

Résumé

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RESUME SUR LA THESE Position du problème lié à la jacinthe d'eau La zone Office du Niger se trouve dans le delta du Niger, dans la région de Ségou. Elle demeure une importante zone rizicole avec une surface exploitable de plus d'un million d'hectares. o Barrage de Markala, o Réseau hydraulique : 75 km de canaux principaux, 153 km de distributeurs, 50 km de grands collecteurs, 491 km de partiteurs, plus de 2000 km d'arroseurs. o Périmètre agricole : 80 000 ha exploités sur un potentiel de 1 105 000 ha, o Bétail sédentaire : 42 000 bovins, 46 000 Bœufs de labour, 340 000 ovins et caprins. o Pesage de la canne à sucre : 40 000 tonnes de sucre produit annuellement. La surface déjà aménagée est d'à peu près de 100.000 hectares, dont 25.000 sont totalement recouvertes par les plantes aquatiques. On notera de plus que certaines de ces plantes aquatiques sont toxiques, comme par exemple la salvinia molesta, que les poissons et les bœufs mangent, mais qui est ensuite mortelle pour les hommes qui mangent la chair de ces animaux. Ces dernières, dont la principale est la jacinthe d'eau, y sont particulièrement nuisibles, non seulement parce qu'elles recouvrent un quart de la zone exploitable, mais également parce qu'elles gênent l'exploitation des autres 3/4. La jacinthe gêne la circulation de l'eau dans les canaux, l'abreuvage des animaux, la multiplication des poissons, la navigation, la pêche, le transport d'énergie. La jacinthe contribue à la propagation des maladies comme la bilharziose, l'amibiase et le paludisme. La ZON dépense plus de 100 millions de fcfa/an pour le faucardage. Quant à l'Office du Niger, les dépenses pour nettoyer les canaux d'irrigation auraient évolué de 137 080 900 F CFA ( 2004 ) à 490 612 596 F CFA ( 2007) pour un investissement cumulé de 1 345 791 780 F CFA durant la même période. Sur le plan agricole, l'envahissement des canaux d'irrigation et des casiers rizicoles constitue une menace sérieuse pour l'exploitation de près de 100.000 hectares et pourrait hypothéquer en partie une production estimée à 427.500 tonnes de riz, 25.000 tonnes de sucre et une bonne partie de la production maraîchère de contresaison, représentant un revenu d'environ 50 milliards de FCFA Les zones les plus infestées par la jacinthe d'eau sont celles où le rendement est inférieur à 5 tonnes par hectare. Une irrigation élargie et plus efficace a permet des rendements plus élevés, ainsi que des revenus plus importants pour les agriculteurs maliens. La production de riz augmentera ainsi que celle d'autres denrées alimentaires, telles que les oignons et les tomates, a augmenté de manière substantielle. Comment peut-on traiter ce problème ? Une première utilisation de la jacinthe d'eau est importante pour donner vie à de nombreux villages de la zone: en effet, des artisans l'utilisent pour fabriquer des briques pour la maçonnerie, pour produire des nattes utilisées pour l'emballage de produits d'exportation comme les poissons, ou même des fauteuils, et ainsi ils gagnent leur vie et celle de leur famille. D'autre part, la jacinthe d'eau constitue un aliment pour les poissons (carpes, tilapia, lamantins), et est donc un élément important de l'écosystème. Enfin, la jacinthe d'eau permet l'épuration de l'eau jusqu'à la rendre potable, l'installation de fosses à compost, la fabrication de produits d'artisanat et de de briquettes à base de jacinthe d'eau. Ces différentes utilisations cependant, correspondent à des pourcentages négligeables de la biomasse à éliminer. Ainsi, la solution au problème de la prolifération de la biomasse aquatique semble devoir être recherchée dans une véritable politique de valorisation agro-énergétique de la jacinthe d'eau. C'est l'objet de la suite de ce document de présenter les éléments de base de cette voie. L'analyse du bilan énergétique de notre pays fait ressortir un certain nombre d'observations notamment : o Une surexploitation de nos ressources forestières, o Une forte augmentation de la demande en énergie particulièrement la consommation en GPL, gaz butane (subventionné par l'Etat), o Des difficultés d'accès à l'énergie en milieu rural. Il apparaît donc nécessaire d'aller vers la promotion des énergies renouvelables principalement le développement des biocarburants et à l'exploitation de la biomasse disponible pour améliorer le bilan carbone et s'affranchir des variations de prix des produits pétroliers. Les potentiels les plus importants à ce jour d'utilisation de la biomasse dans le système énergétique au Mali sont les suivants: o Culture du Jatropha carcus pour la production d'huile végétale. o Production du manioc comme matière de base pour la production de l'éthanol. o Utilisation des concentrations de résidus agricoles o Utilisation des matériaux ligneux. En ce qui concerne la Jattropha (Pourghère), sa capacité de transformation en huile est largement au-dessus du rythme de reproduction de la ressource qui met plusieurs années avant de donner du fruit. Pour le manioc son activité est caractérisée par une faible intensité d'exploitation des terres. Les deux dernières sont très intensivement utilisées pour le pâturage ou le fourrage pour permettre une utilisation économiquement rentable pour la production d'énergie. Parmi toutes utilisations, la jacinthe d'eau serait plus intéressante à être utilisée dans le système énergétique que toutes ces formes de biomasse. En ce qui concerne la ZON pour la seule région de Niono, la quantité de jacinthe d'eau disponible a été évaluée en 2010 à 140 000 tMH/an (hypothèse 6 récoltes par an sur chaque site infesté). Les communes de Sagnona et Sirifilaboundi, la marre de Molodo, le canal cost-ongoïba sont aussi des espaces presque totalement recouvertes de jacinthe d'eau. L'étendue du gisement et potentiel énergétique de la biomasse de la jacinthe d'eau en Zone Office du Niger La jacinthe d'eau est capable de doubler en volume en 8 à 10 jours, elle trouve ses meilleures conditions de développement dans le pays tropicaux, surtout dans les milieux ou la température est composée entre 25 et 30°c et présente un taux de production annuel de 212 tonnes de matière sèche par hectare (B. LAGRANGE, 1979). L'étude du potentiel méthanogène de la jacinthe d'eau permet de compléter l'analyse des coûts de d'élimination pour établir l'opportunité de son usage comme une importante ressource énergétique. Sur un taux d'infestation de près de 40% de la surface exploitable de la ZON qui est d'à peu près de 100.000 hectares, imaginer ce que cela peut apporter comme gisement. La ressource annuelle produite dans la seule ZON pourrait atteindre 8 480 000 tMS/an soit 347 680 000 tep. Cela correspond en méthane à (40 000X788.440)=31 537 600 000 m3. Mesurer l'impact de la valorisation agro-énergétique de la jacinthe d'eau devrait contribuer à réduire la coupe abusive du bois et permettre ainsi de préserver les ressources ligneuses de la zone office du Niger. La dégradation des ressources ligneuses menace non seulement la régénération de ces écosystèmes mais également l'approvisionnement des populations en bois domestique. L'enjeu est non seulement environnemental mais également économique et social, dans la mesure où de plus en plus de personnes vivent des revenus de ce commerce (paysans et commerçants). Il devient urgent de repenser les modalités de gestion et de développement des activités liées au bois. A ce titre, notre thèse s'insère bien dans le cadre de l'intelligence économique et du développement territorial et développement durable. Il s'agira pour nous de chercher à savoir Comment créer une dynamique territoriale « positive » afin de s'inscrire dans une stratégie d'Intelligence Territoriale qui sera bénéfique à l'ensemble du tissu économique et social local ? Cela, même si la problématique sociétale de nos jours est plus complexe qu'il n'y paraît (Jean Louis MONINO, Ayoub BENTAYN dans Economie Positive et Territoires : Quelles déclinaisons pour un altruisme spatial ?). Notre présente étude porte sur l'utilisation de la jacinthe d'eau à des fins énergétiques dans la Zone Office du Niger (ZON) où elle est très abondante. Le but étant la transformation à la fois de sa biomasse en biogaz et l'utilisation des résidus comme aliments pour le bétail ou compost. Elle nécessite une grande phase de collecte données et de traitement de l'information afin d'évaluer les coûts économiques et faire l'analyse approfondie du bilan agro-énergétique, établir des indicateurs énergétiques (taux de production de biogaz, calcul du potentiel de production énergétique, valeur économique à la jacinthe d'eau, la rentabilité des appareils et procédures utilisées). Au jour d'aujourd'hui aucune des utilisations de la jacinthe d'eau n'a fait l'objet d'un développement industriel important. Le projet qui couvre la problématique de mes recherches doctorales vise la création d'une industrie de pétrole liée à la jacinthe d'eau dans la Zone Office du Niger. Il y a une double vision : faire de la jacinthe d'eau une ressource biologique et en même temps en faire un moteur du développement local). Il pour finalité de permettre la mise en place des différents scénarios de valorisation pour transformer la plante en une importante ressource plutôt que de la considérer comme un fléau comme c'est le cas aujourd'hui. Ce projet lié à notre thèse consistera à l'implantation de plusieurs unités de bio-digesteurs dans la Zone Office du Niger pour transformer la biomasse de la jacinthe d'eau en biogaz et le résidu afférent en engrais ou compost. Il est essentiel pour la sauvegarde de notre capital forestier, l'autosuffisance énergétique (Le Mali pays non producteur de pétrole), la réussite de notre transition énergétique vers l'énergie verte et l'éligibilité aux financements verts dans le cadre des objectifs de la COP21.