Pourquoi nous répétons-nous ? : recherche des facteurs neuropsychologiques explicatifs des persévérations verbales chez les jeunes adultes, les adultes vieillissants et chez ceux touchés par la démence de type Alzheimer
Auteur / Autrice : | Maximilien Letellier |
Direction : | François Rigalleau, Sandrine Kalenzaga |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2017 Soutenance le 29/09/2023 |
Etablissement(s) : | Poitiers |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences du langage, psychologie, cognition, éducation (Poitiers ; 2018-2022) |
Mots clés
Résumé
Pourquoi nous répétons-nous ? Communément, nous appelons « radoter » cette tendance à répéter plusieurs fois les mêmes mots, phrases ou histoires au cours d’une conversation, sans que cela soit adapté (Tribolet & Shahidi, 2005). Cette forme de stéréotypie verbale a été observée dans plusieurs pathologies acquises et neurodéveloppementales (Foldi et al., 2003; Guelfi & Rouillon, 2017; Moret & Mazeau, 2019). Elle est aussi souvent associée au vieillissement normal et pathologique (Miozzo et al., 2013; Ryan et al., 2002). Cependant, malgré cette multitude de cas où le radotage peut être observé, force est de constater qu’il a fait l’objet de peu d’études. Ainsi, ce phénomène est encore mal compris, notamment lorsqu’il survient dans la population générale et dans le vieillissement pathologique. De plus, l’absence de consensus entre les résultats de ces études a conduit à remettre en question la méthodologie pour étudier ce phénomène. Aussi, ce travail de thèse a été mené avec trois objectifs : comparer plusieurs populations notamment vieillissantes ; identifier les facteurs neuropsychologiques sous-jacents au radotage ; et étudier si le radotage est lié au comportement de vérification. Pour ce faire, quatre études ont été réalisées en utilisant un nouveau paradigme. Concernant notre premier objectif, nos études ont confirmé que les personnes âgées atteintes d’une démence de type Alzheimer (DTA) se répètent davantage que les personnes âgées en bonne santé cognitive, mais surtout qu’elles se répètent autant que celles souffrant d’un trouble anxieux. De plus, nos résultats ont révélé qu’il y a autant de jeunes adultes que de personnes âgées en bonne santé cognitive qui se répètent, mais que contrairement aux études antérieures, ces derniers se répètent davantage. Au sujet de notre second objectif, nos résultats ont révélé l’implication de la personnalité schizoïde, de l’agréabilité, de la mémoire de travail, des stratégies d’encodage, et du niveau d’anxiété et de dépression dans le radotage. A propos de notre troisième objectif, nos résultats ont révélé une relation entre le fait de se répéter à l’oral et celui de vérifier à l’écrit, et soutenue par des mécanismes neuropsychologiques communs. L’ensemble de ces résultats nous a amené à questionner la valeur symptomatique de ce phénomène, et à le considérer comme le signe de traits autistiques, d’un dysfonctionnement de l’administrateur central, et comme un besoin de vérifier. Ce travail de thèse ouvre ainsi la voix vers de nouvelles recherches sur l’influence de la personnalité, de la mémoire de travail et de la métacognition sur ce phénomène répétitif.