Exposer l'intime, sculpter l'espace : les perspectives anthropologiques d'Antony Gormley 1973 - 2017
Auteur / Autrice : | Coralie Griffon |
Direction : | Lawrence Gasquet |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Etudes anglophones |
Date : | Inscription en doctorat le 05/12/2017 |
Etablissement(s) : | Lyon 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....) |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
A partir d’une étude interdisciplinaire s’appuyant sur l’histoire de l’art, sur l’histoire des idées, sur l’esthétique et sur l’anthropologie, la présente recherche interrogera la perception du corps dans la société occidentale contemporaine. Pour comprendre notre relation au corps, nous analyserons le travail de l’artiste britannique Antony Gormley afin de voir comment l’intérieur abstrait contenu dans notre corps, au fond de notre être, est matérialisé. En effet, la dialectique entre l’espace intérieur, ressenti, et l’espace extérieur, perçu, apparaît comme le fil conducteur de son travail que cela soit dans le processus même de fabrication marqué notamment par le contact intime liant le modèle et l’objet d’art ou dans l’effet réflexif produit sur le spectateur. D'une part, Gormley s’inscrit en continuité de l’art minimal et du Land Art dans la mesure où il transforme la sculpture en un champ, lieu d’interactions et d’expériences. Posées à même le sol, ses statues interagissent directement avec le spectateur qui prend ainsi conscience de son propre corps comme si l’acte de voir lui permettait de se voir lui-même. D'autre part, Gormley moule son propre corps dans différentes positions, processus qui lui permet de concentrer son attention sur ses émotions en réactivant des techniques de méditation apprises lors d’un séjour en Inde avant que sa carrière ne débute. L’artiste invite le spectateur à la contemplation, à fermer les yeux pour mieux voir. Nous chercherons à déterminer si le succès des techniques de bien-être dans la société occidentale contribue à la réception positive du travail d’Antony Gormley. Ses statues s’ancrent d’ailleurs dans un espace élargi, géographique défini par une communauté particulière, une subjectivité collective qu’il s’agira de définir. Dès lors, les sculptures anthropomorphiques de Gormley se veulent des sculptures de l’espace, incorporant l’espace alentour et « l’immensité intime », expression articulée par Gaston Bachelard. Il s’agira d’analyser les diverses modalités de la représentation de l’être humain selon Gormley et de comprendre comment il élabore un langage visuel qui rend compte des sensations intérieures, à partir d’œuvres paradoxalement moins en moins centrées sur l’expérience personnelle.