L'élan et la norme : energie sociale et invention morale à partir de Bergson et Durkheim
Auteur / Autrice : | Antoine Saez |
Direction : | Frédéric Brahami |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Etudes politiques (option : Philosophie politique) |
Date : | Soutenance le 22/11/2024 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Président / Présidente : Bruno Karsenti |
Examinateurs / Examinatrices : Bruno Karsenti, Mélanie Plouviez, Camille Riquier, Caterina Zanfi | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Mélanie Plouviez, Camille Riquier |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Émile Durkheim et Henri Bergson sont aujourd’hui des classiques. Camarades à l’École normale supérieure à la fin du XIXe siècle, penseurs organiques de la IIIe République et savants pleinement engagés dans l’Union sacrée pendant la Première Guerre mondiale, leur association dans un travail de recherche peut pourtant s’avérer incommode, tant leurs méthodes, leurs objets et les résultats de leurs études apparaissent éloignés. La rencontre que nous souhaitons ici organiser ne se fondera pas tant sur les quelques critiques que se sont adressées les deux anciens condisciples de la rue d’Ulm que sur l’exploration des deux dimensions de la vie politique des Modernes que certains aspects de leurs œuvres révèlent. À travers la notion d’élan, nous tenterons de retrouver les sources tout à la fois matérielles, spirituelles et morales de la démocratie. Bergson, comme acteur diplomatique de premier plan et défenseur vigoureux d’un certain type de régime à partir de 1914 d’une part ; comme philosophe et comme penseur souvent oublié du politique dans son ouvrage de 1932 de l’autre, nous servira de témoin. À travers la notion de norme, nous tenterons de mesurer et de saisir la distance qui sépare l’autorité des sociétés prérévolutionnaires de l’autorité complexe des Modernes. Durkheim, comme témoin de la crise morale des sociétés postrévolutionnaires et comme penseur engagé dans une tentative tout à la fois scientifique et politique de régénération sociale, nous tracera la voie. Ainsi nous postulerons que la vie des Modernes n’est pas intelligible sans le recours et l’élucidation de ces deux modalités : un élan qui nous dépasse et qui réclame une ouverture morale illimitée, une norme qui nous ramène à nos devoirs et nous attache à des groupes. Élan d’amour vers le pour tous, intégration des normes capables d’organiser et d’instituer une collectivité vivante dessinent deux directions à partir desquelles se reconstituent respectivement l’idéal démocratique et l’exigence républicaine. Or plus qu’à l’affirmation d’une séparation étanche entre la république et l’ouvert, nous aimerions dans ce travail appréhender la tension structurante qui nous habite et fait de nous des êtres désajustés. Le passage du groupe – si étendu soit-il – à l’humanité, le passage du citoyen à l’Homme appartiennent à la promesse. Au désir d’échapper au groupe se joint l’obligation de s’attacher aux hommes.