Thèse soutenue

L'insertion des jeunes dans les agricultures familiales ˸ enjeux, impacts et prospective. Le cas du Cambodge

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Auteur / Autrice : Kimlong Ly
Direction : Betty WampflerIben Nathan
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences Économiques
Date : Soutenance le 18/12/2017
Etablissement(s) : Montpellier, SupAgro en cotutelle avec Københavns universitet
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Economie Gestion de Montpellier (2015-.... ; Montpellier)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Marchés, organisations, institutions et stratégies d'acteurs - UMR MOISA (Montpellier)
Jury : Président / Présidente : Andreas De Neergaard
Examinateurs / Examinatrices : Betty Wampfler, Andreas De Neergaard, François Doligez, Carsten Smith Hall, Christophe Després
Rapporteurs / Rapporteuses : François Doligez, Carsten Smith Hall

Résumé

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L'objectif de cette thèse de doctorat est d'examiner les facteurs qui déterminent les décisions des jeunes ruraux cambodgiens et de leurs parents concernant la profession des jeunes. In fine, nous cherchons à comprendre les conditions d'intégration de la jeunesse cambodgienne dans l'agriculture familiale.L'importance croissante que prennent la migration hors-village et les activités non agricoles dans les stratégies de subsistance des ménages ruraux a soulevé un débat sur le rôle que pouvait jouer l'agriculture familiale dans l'avenir des jeunes ruraux. Pourtant, il existe très peu d'études traitant des décisions relatives à la profession des jeunes dans le secteur agricole.La collecte de donnés a eu lieu en 2012 et 2013 dans deux zones distinctes du Cambodge: la zone à faible densité de population d'Otdar Meanchey et la zone à forte densité de Takeo. Dans ces deux provinces, le travail de terrain a couvert cinq districts (18 villages). L'objectif principal du travail de terrain était de comprendre le rôle actuel et potentiel de l'agriculture familiale pour l’emploi des jeunes. Les méthodes de collecte de données comprenaient des enquêtes, des entretiens semi-directifs, l'observation de participants et une étude de cas portant sur un programme d'intégration de jeunes agriculteurs porté par une ONG (CECAC). Une typologie des systèmes et stratégies agricoles a été développée pour l'enquête et la discussion.La thèse montre qu'en raison du faible niveau d'éducation, les jeunes ruraux au Cambodge ont peu d'alternatives à la petite riziculture ou à la migration en dehors de leur village d’origine. Tout en reconnaissant le fait que l'agriculture est un travail difficile, les jeunes ruraux et leurs ménages ne négligent pas le travail agricole et considèrent l'agriculture familiale comme l'une de leurs principales options. Cependant, lorsqu'ils se sont engagés dans l'agriculture, même avec le soutien du CECAC, de nombreux jeunes ont l'impression que l'agriculture ne leur permet pas de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Il est donc fréquent qu'ils se posent la question de savoir s’ils doivent poursuivre une activité agricole ou s’ils doivent diversifier leurs sources de revenu par une migration saisonnière.De plus, les résultats indiquent que l'intégration des jeunes dans l'agriculture est une décision purement familiale. S'installer dans de nouvelles zones pionnières est l'une des stratégies des ménages pour accéder à de nouvelles terres et ainsi garantir l'avenir de leurs enfants. Ce n'est que dans des situations où les parcelles sont trop petites pour être subdivisées que les ménages ont tendance à investir dans l’éducation supérieure des enfants. Étant donné que les activités non agricoles ne pourront pas accueillir le nombre croissant de travailleurs actifs et que le foncier, en raison de l'augmentation de la population, tendra à être subdivisée en parcelles de plus en plus petites qui ne pourront garantir un revenu durable, l'étude conclut que les futurs stratégies de subsistance des ménages ruraux devront reposer sur le principe de «partage de survie» ou «Chék Khear Ros», c'est-à-dire combiner des activités agricoles et non agricoles.La croissance de la population rurale cambodgienne et le ralentissement de la croissance du marché du travail dans les secteurs secondaire et tertiaire, suggèrent qu'à l'avenir, plus de terres seront nécessaires pour l’agriculture et que ceci se fera au détriment des forêts et des zones humides. Il serait donc nécessaire de redéfinir les régimes fonciers du pays. Une option pourrait être de distribuer les terres des concessions économiques qui ont été récemment annulées aux familles rurales. Il est également nécessaire de poursuivre l’évaluation des programmes de redistribution de terres entrepris dans le cadre des concessions foncières sociales, politique qui constitue le cadre juridique existant pour permettre aux pauvres d'accéder à la terre.