Thèse soutenue

Trouver l'équilibre : transformations des connaissances et des valuations dans les politiques de compensation de la biodiversité en Colombie
FR  |  
EN
Accès à la thèse
Auteur / Autrice : Robin Dianoux
Direction : Francis ChateauraynaudLuigi Pellizzoni
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 11/04/2022
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Università degli studi (Milan, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Esther Turnhout
Examinateurs / Examinatrices : Esther Turnhout, Valérie Boisvert, David Dumoulin Kervran, Catalina Toro Perez

Résumé

FR  |  
EN  |  
ES  |  
IT

Si la "prise de conscience" appelle à une meilleure prise en compte de la biodiversité et à une transformation des pratiques, la question se pose pour tous les acteurs, bien que de manières très différentes, de savoir quelle est cette biodiversité à protéger et comment agir de manière appropriée. Cette thèse examine les liens entre les transformations des connaissances sur la biodiversité et la valuation de ses propriétés signifiantes, en s’appuyant sur l’étude des compensations pour pertes de biodiversité. L'observation des travaux de l'IPBES lors d'une plénière en 2018 permet d’abord d'analyser les négociations et les implications perçues des connaissances sur la biodiversité mondiale. Ensuite, les transformations provoquées par les compensations sont étudiées en se focalisant sur leur émergence au niveau mondial, puis en prenant comme cas d'étude la mise en œuvre de ces politiques en Colombie. Dans ce but, un travail de terrain de dix mois a été réalisé dans le pays en 2018-2019, dont plusieurs mois d'ethnographie au sein de son autorité environnementale nationale - l'ANLA, en charge de l'autorisation des projets. Au lieu d'analyser si les compensations peuvent effectivement tenir leurs promesses, qui consistent à compatibiliser conservation et développement, cette recherche articule sociologie morale et sociologie pragmatique française pour prendre du recul en s'intéressant à la multiplicité des effets contradictoires que produit le développement de cette politique, et aux luttes des acteurs pour lui donner du sens et déterminer une manière cohérente d'orienter leurs enquêtes et leurs actions. Par son caractère multisitué, cette thèse montre non seulement les multiples reconfigurations de la notion de biodiversité et de ses composantes provoquées par les évaluations globales, les compensations de biodiversité et les évaluations d'impact, mais aussi l'actualisation de l'éthique environnementale dans les pratiques à travers les valuations, et leur inséparabilité d'un réseau de valuations des savoirs, des institutions, des politiques, des procédures et des acteurs. Ce travail contribue également à la compréhension des échelles et leur élaboration comme lieux de contestation, en montrant leur rôle clé dans l'évaluation des impacts et plus largement dans la définition et l'articulation des problèmes et des solutions concernant la crise de la biodiversité. Cette thèse montre finalement comment, alors que les compensations sont considérées comme scientifiques ou techniques et fondées sur des conventions stabilisées, les acteurs remettent constamment en question la place et l'espace que le "politique", c'est-à-dire la possibilité de dépasser le langage hégémonique de l'évaluation, peut, devrait ou prend dans les processus dans lesquels faits et valuations s’entremêlent.