Thèse en cours

Le différend entre philosophie et poésie : de la critique des homérolâtres au renvoi du poète mimétique (Platon, République, X, 595a-608b).

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AttentionLa soutenance a eu lieu le 15/12/2023. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Nicolas Le merrer
Direction : Dimitri El-murr
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Philosophie
Date : Inscription en doctorat le
Soutenance le 15/12/2023
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Théories et histoire de l'esthétique, du technique et des arts (Villejuif, Val-de-Marne)
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Arnaud MACé
Examinateurs / Examinatrices : Dimitri El-murr, Olivier Renaut, Létitia Mouze, Christine Mauduit, Bernard SèVE
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Renaut, Létitia Mouze

Résumé

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La question a souvent été posée, chez les commentateurs de Platon, de savoir quel statut accorder au dixième et dernier livre de la République dans l’économie générale du dialogue. La première partie de ce livre X, en effet, s’engage à nouveau dans un examen critique de la poésie déjà effectué aux livres II et III : cette première critique avait alors été déclarée suffisamment aboutie. En outre, ce retour final au problème de la poésie présente un certain nombre de dissonances avec les analyses précédentes : il gagne en sévérité ce qu’il perd en finesse et en rigueur argumentative. La reprise de la question poétique au livre X interpelle d’autant plus que Socrate s’y engage manifestement à contrecœur. En prélude à sa critique, en effet, il se résout à parler en dépit d’une « respectueuse affection » (595b) qu’il éprouve, depuis l’enfance, pour Homère. Et au moment de conclure, il rappelle avec insistance son puissant attachement à la poésie qu’il vient pourtant d’incriminer : l’éducation qu’il a reçue, dit-il, a profondément ancré en lui une aspiration à jouir du spectacle des scènes tragiques. Si Platon prend la peine de marquer à ce point un tel attachement, d’un bout à l’autre de la critique du livre X, on peut s’interroger : dans quelle mesure cette aspiration au plaisir esthétique, que la mise en accusation de la poésie n’a pas fait disparaître, est-elle impliquée dans le mouvement même du raisonnement critique ? Se pourrait-il qu’une telle aspiration ne soit pas uniquement à envisager, ici, comme une force antagoniste, opposée à la progression dialectique de l’examen, mais également comme un élément constitutif de l’argumentation elle-même ? C’est en partant de cette interrogation que je me propose d’étudier les modalités et les enjeux de la critique de la poésie dans la République. Cette étude consiste ainsi en une relecture des passages du dialogue qui portent cette critique, à rebours, et en deux étapes. L’aveu d’un attachement insistant à la poésie incriminée, en conclusion de la critique du livre X, incite à réexaminer cette section du dialogue sous un autre jour. Et ce réexamen, par ce qu’il permet de mettre en lumière, peut lui-même conduire à poser les jalons d’une lecture renouvelée de la première critique de la poésie (livres II et III). L’ensemble de cette étude a pour objectif de montrer que la réflexion platonicienne sur la poésie ne doit pas s’envisager sous la forme d’une hostilité de principe à l’égard de l’art, mais qu’elle se construit, au contraire, à partir des spécificités de notre expérience esthétique de l’œuvre poétique.