La doctrine juridique de Jean de Loyac (1560- 1637) : une écriture allégorique au service de l'unité du royaume
Auteur / Autrice : | Marina Dupuy |
Direction : | Christine Menges le pape |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Droit |
Date : | Inscription en doctorat le 01/10/2017 |
Etablissement(s) : | Université Toulouse Capitole |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Droit et Science Politique (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : CTHDIP - Centre Toulousain d'Histoire du Droit et des Idées Politiques |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Jean de Loyac dévoue toutes ses ressources à l'élaboration d'une doctrine juridique dont l'unique objectif est d'assurer l'unité -alors fragile- du royaume. Pour porter sa réflexion à la connaissance du roi, il écrit un traité qu'il fait publier en 1615 à Bordeaux par Simon Millanges : l'Euphème des François, et leur Homonoée, c'est-à-dire, leur renomée, & concorde, en l'observation de l'Edict du premier d'Octobre mil six cen quatorze, faict par le tres-chrestien Roy de France, & de Navarre, Louis XIII du nom, uvre auquel est traicté du debvoir des trois ordres des subjects du Roy, representans les Estats generaux de son Royaume : pour y maintenir, & perpetuer la concorde, avec la reputation de la gloire du nom François. Toute sa richesse consiste à saisir les dimensions multiples de l'unité, dont les débats sont renouvelés en 1598 par la promulgation de l'édit de Nantes. Si la prégnance de la question de l'unité pendant les guerres de religion, au XVIe siècle, a déjà été mise en évidence, le constat de la pluralité religieuse et les aménagements de la coexistence provoquent un véritable séisme idéologique consacrant le début du XVIIe siècle en période charnière. Ce volume donne à voir la dualité de la doctrine de ce magistrat bordelais, tout à la fois singulière et caractéristique de son temps, inspirée par le passé et tourné vers l'avenir. Il illustre cet entre-temps et l'effervescence de la pensée qui l'accompagne, en particulier celle des membres des parlements. Leurs réactions, tant doctrinales que techniques, permettent à ces praticiens du droit d'occuper une place croissante dans l'espace politique. Jean de Loyac remet en question la signification de la réunion du triptyque « une foi, une loi, un roi » pour penser la pratique du pouvoir. Il réfléchit pour ce faire à partir de ce qui est et non de ce qui devrait être, livrant ainsi une théorie réaliste du pouvoir. Considérant les rapports complexes entre l'Église et l'État, contraints de composer avec l'expansion de la Réforme, le conseiller repense la place de la religion comme fondement de la puissance et de l'obéissance. Les nouveaux modèles qu'il propose de substituer à la conception médiévale traditionnelle de l'unité politique font émerger le Prince comme le centre de chaque volonté. La redéfinition de la notion d'unité permet un renouvellement des moyens de sa mise en uvre. Jean de Loyac entend non seulement prouver le lien indissoluble entre la renommée (euphème) et la « concorde universelle » (homonoée) mais aussi une marche à suivre vers leur effectivité. En juriste, il développe ainsi une méthode permettant de passer de la théorie à la pratique de l'unité sous l'influence d'une conception organiciste de la société.