Pathos. L'empreinte de la parole. Prolégomènes à l'étude du πάθος rhétorique aristotélicien
Auteur / Autrice : | Pierre Balmond |
Direction : | Pierre Chiron |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Langues et littératures anciennes |
Date : | Inscription en doctorat le Soutenance le 02/12/2023 |
Etablissement(s) : | Paris 12 |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Cultures et Sociétés |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Lettres, Idées, Savoirs (Créteil) |
Jury : | Président / Présidente : Marie-Pierre Noël |
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Chiron, Olivier Renaut, Paul Demont, Ettore Cingano, Pierre-Marie Morel, Camille Rambourg | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Olivier Renaut |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse propose une enquête globale et systématique sur πάθος et sa famille (πάσχειν, πάθη, ἀπαθής, πάθημα, etc.) depuis Homère jusquà la Rhétorique dAristote : elle vise à comprendre les significations, les usages et les enjeux de ces notions cruciales dans la littérature et la pensée grecques archaïques et classiques, et à resituer le pathos rhétorique aristotélicien (Rh. II, 1-11) dans ses différents contextes. Dans cette perspective, nous cherchons à arracher ces termes aux sèmes de souffrance et de passivité auxquels on les réduit généralement : ils désignent selon nous les événements, généralement funestes, et les expériences sensibles qui trahissent lempreinte de lordre divin et formel, puis psychique, sur lordre humain et matériel, puis corporel. Il sagit de proposer, à partir du modèle ontologique et physique aristotélicien, un autre point de vue sur ces notions, qui abandonne lanthropocentrisme, la souffrance et la passion au profit du naturalisme, de lépreuve et de laffection. Émerge ainsi limage, selon nous féconde, de lempreinte : celle-ci apparaît en effet comme la condition et lobjet de toute parole du témoin savant qui, depuis laède inspiré jusquà lorateur du tribunal démocratique, surgit dans un contexte toujours spectaculaire et ritualisé. Il se situe ainsi à linterface des épreuves vécues quil rapporte et des affections quil suscite chez ses récepteurs, rendus à leur tour présents à lexpérience sensible et à lordre divin qui la gouverne et auquel, en définitive, la parole antique sous toutes ses formes confronte les Grecs. Le pathos et sa famille simposent ainsi, aux Ve et IVe siècles av. J.-C., comme des « mots qui voient », pour reprendre lexpression de Nicole Loraux, et fondent la sagesse tragique du « savoir par lépreuve » (πάθει μάθος) pour rendre compte de la nature humaine dans les spectacles, poétiques et en prose, offerts à la démocratie athénienne en crise. Nous passons ainsi en revue lensemble de la littérature grecque archaïque et classique à laune de ce modèle naturaliste et tragique et du dispositif du témoignage et de lempreinte de la parole qui le nourrit. Au terme de ce parcours systématique et exhaustif, le pathos rhétorique aristotélicien et les chapitres qui lui sont consacrés dévoilent, après Troie et dans le sillage des Érinyes et du modèle médical, une théorie naturaliste des affections du corps civique et de la « sensation du juste » qui habite les hommes, entre la vie et la mort et entre les dieux et les animaux.