Thèse en cours

Les dynamiques de la polarisation de l'opinion publique dans une perspective comparative

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Auteur / Autrice : Tristan Guerra
Direction : Frédéric Gonthier
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Science politique
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2017
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pacte, Laboratoire des sciences sociales
Equipe de recherche : Gouvernance

Mots clés

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Résumé

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Ce projet doctoral a pour objectif d'analyser les dynamiques de la polarisation de l'opinion publique en Europe sur les principales dimensions du conflit politique. La polarisation politique peut être comprise comme l'intensification des clivages entre groupes idéologiques (individus de gauche/droite), entre groupes partisans (individus proches de différents partis) ou bien la dispersion de l'opinion sur les enjeux économiques classiques du libéralisme économique (intervention de l'état dans l'économie, redistribution des richesses) et sur les nouveaux enjeux culturels liés à l'intégration européenne, à l'immigration ou au libéralisme des mœurs. Ce projet de thèse vise ainsi à éclairer les nouvelles formes de conflictualité sociale et politique qui déstabilisent aujourd'hui les sociétés européennes ; et à mieux comprendre les nouvelles lignes de clivage entre citoyens que la Grande Récession, la crise migratoire et l'essor des formations populistes contribuent à façonner et à creuser. Alors que la plupart des recherches empiriques actuelles se concentrent sur l'étude des radicalités politiques et de leurs conséquences électorales, cette thèse propose un dispositif méthodologique original articulant trois niveaux d'analyse pour saisir l'état de la polarisation politique en Europe. Le premier niveau rend compte de l'état de la polarisation de l'opinion publique dans une perspective de comparaison internationale, à partir d'une approche longitudinale des grandes enquêtes sociales conduites depuis les années 1980. Nous faisons ici l'hypothèse que l'évolution des clivages sociétaux, notamment sur la dimension culturelle, est liée à une montée en puissance des oppositions entre groupes idéologiques et partisans. En s'appuyant sur les dernières avancées des techniques d'analyse comparative des fluctuations de l'opinion publique sur des séries temporelles, ce premier axe se propose de créer un « mood » de la polarisation de l'opinion sur trois principales dimensions sur lesquels s'affrontent les partis et se polarisent les électorats (libéralisme économique, libéralisme des mœurs, rapport à l'immigration), puis d'expliquer l'origine de ces dynamiques de polarisation. Le second temps de la thèse s'appuie sur plusieurs séries d'enquêtes quantitatives nationales en Allemagne, au Royaume-Uni et en France qui permettent d'apprécier l'intensité de la polarisation -ou de la dépolarisation- sur les préférences politiques entre certains sous-groupes politiques. Ces cas d'études nationaux permettent de mettre au jour plus finement les trajectoires communes et différentiées de polarisation au sein de l'électorat. Ici, la polarisation des préférences économiques et culturelles est appréhendée à travers un renforcement de la consistance entre attitudes, qui permet de mieux capturer l'intensité et l'évolution de la polarisation dans l'opinion publique. Le troisième niveau du dispositif se déploie davantage au niveau microsociologique et se propose d'interroger le phénomène de la polarisation affective dans une perspective comparée. Alors que l'essentiel des travaux concernant la polarisation affective se sont concentrés aux États-Unis et à partir du seul niveau agrégé, cette partie de la thèse interroge ce phénomène à l'aide d'une nouvelle mesure inde la polarisation, obtenue à partir d'enquêtes post-électorales. Elle permet d'appréhender cette forme de la polarisation au niveau individuel dans un grand nombre de démocraties. On s'attachera donc ici à saisir les facteurs explicatifs de la polarisation affective des individus tant au niveau individuel que contextuel, et leurs interactions. Enfin, à travers l'exploitation d'une enquête quantitative originale réalisée durant la thèse dans des pays comparables d'Europe de l'Ouest, un dernier temps sera dévolu aux ressorts psychopolitiques de la polarisation. Ce dernier axe permettra de mettre en lumière le rôle des variables psychologiques –et singulièrement celle des traits de personnalité– sous-jacentes pour comprendre le niveau de polarisation affective, ici opérationnalisée à partir du concept de distanciation sociale. Au total, ce projet doctoral propose une approche théorique et méthodologique originale sur un phénomène encore trop peu étudié dans une perspective longitudinale et comparée. Pour ce faire, il met en place un dispositif innovant qui tient compte des derniers développements des techniques d'analyse quantitatives, afin de faire émerger dynamiques de la polarisation des sociétés européennes sur les principales dimensions de conflit politique au cours ces dernières décennies.