Thèse soutenue

Depuis le quartier, face à l'État : politiser les inégalités territoriales : Sociogéographie des contestations parentales en Seine-Saint-Denis

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Auteur / Autrice : Félicie Roux
Direction : Claire HancockSerge WeberFabrice Ripoll
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie
Date : Soutenance le 13/12/2022
Etablissement(s) : Paris Est
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Ville, Transports et Territoires
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Lab'Urba (Champs-sur-Marne, Seine-et-Marne)
Jury : Président / Présidente : Elise Roche
Examinateurs / Examinatrices : Claire Hancock, Serge Weber, Fabrice Ripoll, Virginie Baby-Collin, Mathieu Van Criekingen, Lorenzo Barrault-Stella, Sylvie Tissot
Rapporteurs / Rapporteuses : Virginie Baby-Collin, Mathieu Van Criekingen

Résumé

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Cette thèse prend pour objet des cas de contestations de parents d’élèves en Seine-Saint-Denis qui pour des motifs différents convergent vers la dénonciation d’inégalités territoriales des services publics (en particulier l’école). Ce travail s’inscrit dans une approche sociogéographique des pratiques contestataires – qui étudie la dimension spatiale des faits sociaux, dans une perspective résolument interdisciplinaire, et examine les façons dont l’espace structure les mobilisations sous tous leurs aspects – conditions sociales d’émergence, revendications, répertoire d’actions. Il s’appuie sur une approche localisée menée à partir d’un terrain principal à Saint-Denis et la construction de données empiriques à partir d’entretiens, observations que vient compléter un petit corpus documentaire. La question spatiale y est plus particulièrement interrogée à partir de deux fils imbriqués : les manières dont l’espace social local façonne les mobilisations et en retour est travaillé par elles ; les façons dont les mobilisations sont sous-tendues par les formes de spatialisation de l’action de l’État. Les deux premières parties de la thèse s’attellent à saisir comment les mobilisations ont émergé localement. La première partie porte sur les trajectoires des parents rencontré·es et vise, à partir de l’élaboration d’une typologie, à construire leurs groupes sociaux d’appartenance et leurs modes de présence locale en articulant leurs trajectoires socio-professionnelles et leurs socialisation politique à leurs trajectoires résidentielles (chapitres 1 à 4). Cette partie permet d’éclairer ensuite dans le reste de la thèse les rapports différenciés à la cause et l’actualisation des frontières sociales au sein des mobilisations étudiées. La deuxième partie s’intéresse aux modalités pratiques de constitution des engagements collectifs et aux conditions d’activation des dispositions critiques. Elle insiste d’une part sur les ressorts genrés de ce militantisme qui conduit à investir un rôle parental dans l’espace public ; d’autre part elle examine les conditions de la rencontre et de l’entrée dans l’engagement en partant des pratiques parentales des lieux. Les troisième et quatrième parties s’intéressent aux pratiques d’engagement en elles-mêmes. La troisième partie (chapitres 7 à 9) s’attache à une étude des discours militants en mettant en perspective différents contexte d’énonciation des problèmes rencontrés. Cette étude met alors en tension des logiques d’appropriation et de perception socialement différenciées de l’injustice spatiale et la convergence vers une cause commune construite selon une logique de conformation aux catégories institutionnelles. La quatrième partie analyse le répertoire d’actions des parents d’élèves et qualifie les effets des mobilisations dans l’espace local. Elle s’attache à catégoriser les registres d’action selon leurs degrés d’institutionnalisation et de visibilité publique et met en évidence les déterminants de la structuration scalaire des mobilisations Enfin, le dernier chapitre resitue l’ensemble de ce répertoire d’actions dans les trajectoires de mobilisations singulières en fonction de chaque cas de contestation en analysant à la fois leurs temporalités et rapports aux institutions pour conclure sur les effets sociaux localisés de ces mobilisations – tant du point de vue des coûts et rétributions de l’engagement au niveau individuel que des effets sur l’espace social local.