''La pollution, dégage !'' : une approche géographique des mobilisations liées aux nuisances industrielles dans la Tunisie post-2011

''Pollution, dégage ! [clear out]'' : a geographical approach to mobilisations related industrial nuisances in post-2011 Tunisia

• Auteur / Autrice : Diane Robert
• Direction : Alia Gana
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Géographie
• Date : Soutenance le 17/01/2024
• Etablissement(s) : Paris 1
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Géographie de Paris. Espace, sociétés, aménagement (Paris ; 2000-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire Dynamiques sociales et recomposition des espaces (Nanterre ; 1997-....)
• Jury : Président / Présidente : Éric Gobe
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Alia Gana, France Guérin-Pace, Cyria Emelianoff
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Tarik Dahou, Fabrice Ripoll

Mots clés

Mots clés contrôlés

Géographie sociale

Inégalité sociale

Gabès (Tunisie ; région)

2000-....

Sfax (Tunisie ; région)

Industrie

Nuisances

Mots clés libres

Conflits

Débordements industriels

Environnement

Industrie

Métropolisation

Mobilisations

Production de l’espace

Protestation

Territorialisation

Tunisie

Conflicts

Environment

Industrial nuisance

Industry

Metropolisation

Mobilisations

Production of space

Protest

Territorialisation

Tunisia

Résumé

Cette thèse s’intéresse aux mobilisations autour des nuisances et des débordements de l’industrie en Tunisie émergeant dans la période qui a suivi la révolution de 2011. A partir de cas d’étude situés dans les régions de Gabès et de Sfax portant sur la mise en cause de l’activité de transformation de phosphates, de l’extraction d’hydrocarbures et de la gestion des déchets, elle adopte une approche de géographie sociale pour interroger les relations entre lutte contre les débordements industriels et production de l’espace. Les conflits sociaux autour des débordements industriels sont d’abord appréhendés comme des révélateurs des contradictions inhérentes aux configurations socio-économiques des territoires concernés. L’analyse met au jour l’incompatibilité entre différentes activités productives, les oppositions existantes entre les logiques de la production et les exigences du domaine de la reproduction sociale des habitants (alimentation, logement, santé), mais aussi la différenciation entre les territoires où les richesses sont produites et ceux vers lesquels elles sont acheminées. La thèse s’attache à mettre en évidence l’hétérogénéité des groupes d’acteurs qui participent aux mobilisations et de leurs modes de structuration socio-spatiale, leurs répertoires tactiques et leurs revendications : professionnels dont les revenus sont affectés par les nuisances des installations industrielles, habitants des quartiers riverains et collectifs militants qui se saisissent de la question. L’analyse porte également sur la dimension productive des conflits. En s’efforçant de saisir les dynamiques conflictuelles en lien avec les modes de gouvernement des contestations, la thèse met en évidence la précarité des arrangements socio-territoriaux destinés à surmonter les conflits et leur incapacité à apporter des réponses durables aux problèmes soulevés. En particulier, elle pointe une tendance à la délocalisation des installations – et des pollutions qu’elles génèrent – des centres urbains littoraux vers les périphéries régionales et nationales, contribuant au débat sur le renforcement des inégalités territoriales sous l’effet des logiques de la métropolisation.

This thesis looks at the mobilisations around the nuisances and excesses of industry in Tunisia that emerged within the period following the 2011 revolution. Based on case studies in the Gabes and Sfax regions, in which the activities of phosphate processing, hydrocarbon extraction and waste management have been questioned, it adopts a social geography approach to examine the relationship between the struggle against industrial spillover and the production of space. The social conflicts surrounding industrial nuisance are seen first and foremost as revealing the contradictions inherent in the socio-economic configurations of the areas concerned. The analysis reveals the incompatibility between different productive activities, the opposition between the logic of production and the demands of social reproduction (food, housing, health), and the differentiation between the areas where wealth is produced and those to which it is channelled. The thesis seeks to highlight the heterogeneity of the groups of players involved in the mobilisations, their socio-spatial structuring, their tactical repertoires and their demands: professionals whose incomes are affected by the nuisances caused by the industrial plants, local residents and activist groups who take up the issue. The analysis also focuses on the productive dimension of the conflicts. By attempting to grasp the dynamics of conflict in relation to the ways in which protests are governed, the thesis highlights the precariousness of the socioterritorial arrangements designed to overcome conflict and their inability to provide lasting solutions to the problems raised. In particular, it points to a trend towards the relocation of installations - and the pollution they generate - from coastal urban centres to regional and national peripheries, contributing to the debate on the reinforcement of territorial inequalities under the effect of the logic of metropolisation.