Thèse en cours

La médaille de sculpteur, essor d’un genre à l’époque de la « médaillomanie » (1880-1920)

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AttentionLa soutenance a eu lieu le 05/01/2023. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Katia Schaal
Direction : Claire BarbillonInès Villela-Petit
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Inscription en doctorat le 01/10/2014
Soutenance le 05/01/2023
Etablissement(s) : Poitiers
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, pensée, arts et histoire (Poitiers ; 2009-2018)

Résumé

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Entre les années 1880 et 1920, le phénomène de « médaillomanie » conduit certains sculpteurs à reconsidérer la médaille comme support de leur production sculpturale et à s’approprier son relief pour se livrer à l’expérimentation. Quand la majorité succombe à la médaille pour de rares tentatives (A. Bartholomé, F.-R. Carabin, G. Granger, H. Greber, P. Roger-Bloche ou V. Ségoffin), d’autres s’y abandonnent complètement (F. Gilbault, H. Lefebvre, J.-P. Legastelois, P. Roche ou C. Theunissen), passant du monumental au registre minimal, et allant jusqu’à revendiquer une pratique de « sculpteur-médailleur » (V.-P. Dautel, P.-A. Morlon, P.-F. Niclausse, H. Nocq et O. Yencesse). L’originalité de leur approche se confirme en comparaison des réalisations de leurs confrères graveurs en médailles, qui demeurent respectueux des conventions de leur art du fait de leur formation académique. Entre sculpture et médaille, il subsiste de réelles différences d’échelle, de nature du bas-relief et de technique, comme l’obligation de maîtriser la gravure réelle sur acier. La frappe, procédé clé pour la médaille, est l’axe fondamental de la constitution du corpus. À partir des collections du dépôt légal que conservent la Bibliothèque nationale de France et la Monnaie de Paris, l’intérêt se porte spécifiquement sur la médaille de sculpteur et non aux médaillons fondus pour saisir ce qui pousse les sculpteurs à basculer vers un domaine artistique si différent du leur, hormis les raisons conjoncturelles dictées par l’augmentation des distinctions honorifiques promues par la méritocratie républicaine, par la libéralisation du marché de l’édition, par la nécessité de forger de nouveaux modèles pour un public qui se démocratise, par l’essor de l’exposition et de la muséalisation de la médaille, par l’emploi de procédés mécaniques comme le tour à réduire, etc. Cette étude repose sur le catalogage d’une production artistique négligée, car placée à la marge du travail statuaire. En suivant un modèle prosopographique, le but est de cerner les contours d’une « école de sculpteurs-médailleurs » (1898-1907) investie à abattre la frontière entre médaille et sculpture. Cette perméabilité disciplinaire modifie irrémédiablement le statut de l’artiste, l’esthétique de la production et même l’usage de l’objet. En ne se destinant plus uniquement à la commémoration ou à la récompense, les artistes s’emparent de son « champ » comme n’importe quel support artistique et commuent la médaille en objet de décoration ou en œuvre de délectation. L’analyse des débats qui agitent le milieu, en opposant les partisans de la machine et les défenseurs de la main, permet de reconsidérer l’histoire des techniques, les modes de transmission et d’aborder la réception pour comprendre les répercussions dans la formation, les pratiques de gravure et de modelage, ainsi que dans les réalisations des graveurs en médailles. Enfin, en dépassant un discours historiographique contemporain de l’essor médaillistique, cette étude souhaite enrichir l’histoire de la sculpture en montrant comment elle a pu devenir un enjeu du renouveau de la médaille.