« Par des moyens de fortune » : trajectoires des objets surréalistes (1924-1945)
Auteur / Autrice : | Katia Sowels |
Direction : | Philippe Dagen, Thierry Lalot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Esthétique, histoire et théorie des arts |
Date : | Soutenance le 10/12/2022 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Équipe d'accueil SACRe - Sciences, arts, création, recherche (Paris) |
Établissement de préparation de la thèse : École normale supérieure (Paris ; 1985-....) | |
Jury : | Président / Présidente : Marianne Jakobi |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Dagen, Thierry Lalot, Marianne Jakobi, Laurence Campa, Catherine Grenier | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Laurence Campa |
Mots clés
Résumé
Les objets surréalistes sont, comme le disait Wolfgang Paalen, de véritables « bombes à retardement de la conscience » qui suscitent trouble et scandale à chacune de leurs apparitions. Certains objets sont certes devenus de véritables icônes du mouvement – le Déjeuner en fourrure de Meret Oppenheim, le Téléphone aphrodisiaque de Salvador Dalí – mais dans l’ensemble ils constituent le continent enfoui du surréalisme, avec son lot d’épaves dont il ne reste que des fragments, qu’on ne parvient pas à retrouver, saisir, exposer ou conserver. À partir d’une collection de plus 350 objets construits par une cinquantaine de poètes, peintres et sculpteurs surréalistes, cette thèse montre que l’objet surréaliste est au centre d’une pratique à la portée de tous, qu’il est le support de jeux de métamorphoses et de combinaisons, mais qu’il est aussi un maillon essentiel dans la mise en place d’une stratégie collective de création subversive. Les six chapitres de ce travail décrivent sur une période de vingt ans, et dans différentes géographies, de Paris à Londres et de New York à Santiago, les trajectoires de ces objets en marquant des temps d’arrêt sur les conditions de leur collecte, de leur fabrication dans les ateliers, de leur exposition et de leur mise en circulation. Tout en suivant les théories, débats et activités quotidiennes des surréalistes, les nombreux récits intimes qui jalonnent leur histoire sont reconstitués à partir des archives, des témoignages, des articles de presse et des photographies de l’époque. Au fil de ce parcours, l’objet s’impose, d’une part, comme une arme efficace défiant les institutions et échappant au marché et, d’autre part, comme un vecteur de cohésion du groupe au point de devenir l’emblème vivant de son expression. La fabrication d’objets surréalistes, à première vue secondaire ou non sérieuse apparaît dès lors comme une activité qui touche au plus près de « l’esprit du mouvement » et éclaire la dynamique interne du groupe, pour dessiner, en filigrane, une histoire du surréalisme par son objet.