Enlazada con grande artificio. La charpenterie de lo blanco dans l'architecture religieuse de la vice-royauté du Pérou aux XVI et XVII siècle.

Enlazada con grande artificio. The carpentry of lo blanco in the religious architecture of the viceroyalty of Peru in the 16th and 17th centuries.

• Auteur / Autrice : Francisco Mamani fuentes
• Direction : Nadeije Laneyrie-Dagen, Rafael López Guzmán
• Type : Projet de thèse
• Discipline(s) : Esthétique, histoire et théorie des arts
• Date : Inscription en doctorat le ; Soutenance le 01/10/2022
• Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres en cotutelle avec Université de Grenade
• Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, Arts, Sciences humaines et sociales (Paris ; 2010-....)
• Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sciences, Arts, Création, Recherche
• Partenaire(s) de recherche : établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
• Jury : Président / Présidente : Jean-Paul Zuniga
• Jury : Examinateurs / Examinatrices : Nadeije Laneyrie-dagen, Rafael López guzmán, Robert Carvais, Enrique Nuere matauco, Pilar Mogollón cano-cortés, Yolanda Fernández muñoz, Valérie Nègre
• Jury : Rapporteur / Rapporteuse : Valérie Nègre

Mots clés

Mots clés libres

Charpenterie

Architecture de la vice-royauté du Pérou

Charpentiers

Histoire de la construction

Histoire de la technique

Époque moderne

Carpentry

Architecture of the Viceroyalty of Peru

Carpenters

Construction History

History of Techniques

Early Modern Period

Résumé

La charpenterie de lo blanco est le nom donné dans le monde hispanique à la technique de construction des charpentes. Dans l’Amérique espagnole, cette technique est devenue l'une des plus utilisées dans l'architecture religieuse, tant dans ses formes les plus élaborées que les plus simples. Afin d'étudier la charpenterie de lo blanco en Amérique, nous nous sommes concentrés sur ses diverses manifestations techniques dans la vice-royauté du Pérou aux XVIe et XVIIe siècles, en accordant une attention particulière aux charpentes et à leurs constructeurs : les charpentiers. Le concept de transfert a été appliqué à l'histoire de la charpenterie de lo blanco dans la vice-royauté péruvienne, en le comprenant comme un processus de circulation affecté à l’agentivité des charpentiers. Ce transfert n'est pas seulement unidirectionnel, du fait de l'implantation de la technique dans les Andes : il est également bidirectionnel car traversé par un processus de négociation avec les techniques de construction locales. Pour étudier la technique et les charpentiers, nous avons utilisé, d’une part, une méthodologie mixte issue de la l'herméneutique et de l'analyse déductive-inductive pour l'étude des sources documentaires et de l'historiographie, et d’autre part l'observation des charpentes sous les critères typologiques de forme, de construction et de décoration. Les résultats de la thèse sont les suivants : 1) L'arrivée de charpentiers espagnols dans les Andes à partir de la troisième décennie du XVIe siècle a été le principal moyen de développement de la charpenterie de lo blanco, adaptée aux besoins de construction imposés par l'établissement du pouvoir espagnol. Ce contexte a favorisé l’apprentissage de la technique par les Amérindiens, les Africains et les premières générations de personnes nées du métissage, qui sont à leur tour devenus des constructeurs de charpentes. Ces structures se sont complexifiées vers la fin du XVIe siècle, avec l'apparition de charpentes à entrelacs dans les villes les plus importantes de la vice-royauté : Lima, Santafé, Tunja, Quito, La Plata et Potosí. 2) Le développement de la charpenterie de lo blanco dans la vice-royauté du Pérou n'aurait pas été possible avec les seules compétences des charpentiers espagnols ; un apprentissage lié aux techniques de construction andines a été nécessaire et a permis de connaître les essences et les effets du climat et de l'intense activité sismique. 3) La corporation des charpentiers n’a pas été la seule responsable de la construction des charpentes : un grand nombre d’entre elles ont été fabriquées dans des endroits où la corporation n’avait pas d’influence et d'autres par des membres d'ordres religieux. 4) La première moitié du XVIIe siècle correspond à l’apogée de la charpenterie de lo blanco dans la vice-royauté péruvienne, en raison des nombreuses solutions constructives réalisées par les charpentiers : charpentes et coupoles à entrelacs, charpentes recouvertes de planches de bois sur lesquelles sont apparaissent différents types de décorations et de charpentes recouvertes d'une couche de boue mélangée à des fibres d'origine végétale et animale. 5) Bien que tout porte à croire que la technique se renforcera après la publication du traité de charpenterie de Diego López de Arenas (Séville, 1633), sa diffusion tardive dans la vice-royauté péruvienne au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle n'a pas pu empêcher les changements qui s'opéraient dans la construction des édifices religieux en raison des tremblements de terre et des nouvelles tendances architecturales. Cependant, si de nombreuses charpentes ont disparu au XVIIe siècle, d'autres ont survécu jusqu'à nos jours. Cette thèse présente donc la charpenterie de lo blanco dans la vice-royauté péruvienne comme une technique hybride entre l'ibérique et l'andin, devenant une partie fondamentale du patrimoine architectural américain et des techniques de construction actuellement utilisées dans les Andes.

The carpentry de lo blanco is the name given in the Iberian world to a set of construction techniques for wooden roofs (armaduras). This construction technique became one of the most widely used in the religious architecture of Colonial Spanish America. In order to study this type of carpentry in America, I focused on its various technical manifestations in the Viceroyalty of Peru during the 16th and 17th centuries, paying special attention to the ceilings and their makers: the carpenters. The history of the carpentry de lo blanco in the Peruvian viceroyalty is underlied by a process of circulation of construction techniques that was shaped by the agency of the carpenters, which can be understood through the lens of cultural transfer theory. This process is not merely unidirectional, with the introduction of the technique in the Andes, but is also shaped by processes of negotiation with local construction techniques. In order to study the technique and the carpenters I applied a mixed methodology, consisting of hermeneutics and deductive-inductive analysis for the study of documentary sources and historiography, together with the observation of the ceilings under the typological criteria of form, construction and decoration. The findings of the thesis are as follows. 1) The arrival of Spanish carpenters in the Andes from the third decade of the 16th century was the main way for the development of the carpentry de lo blanco, which was adapted to the construction needs imposed by Spanish domination. This context prompted Amerindians, Africans and the first generations of people born of mixed race to learn the technique and become the authors of the ceilings. These wooden structures became more complex towards the end of the 16th century, with the emergence of the interlaced geometric decoration (lazo) in the most important cities of the viceroyalty: Lima, Santafé, Tunja, Quito, La Plata and Potosí. 2) The development of the carpentry de lo blanco could not have taken place in the Viceroyalty of Peru with the skills of Spanish carpenters alone; an apprenticeship connected with Andean construction techniques was necessary that incorporated the local knowledge of suitable woods and the effects of the climate and intense seismic activity. 3) The carpenters' guild was not solely responsible for the construction of ceilings: many were built in places where the guild did not work, others by members of religious orders. 4) The first half of the 17th century saw the climax of the carpentry de lo blanco in the Peruvian viceroyalty, due to the many constructive solutions used by the carpenters: ceilings and cupolas of lazo, ceilings covered with wooden boards on which different types of decoration are displayed, and ceilings covered with a layer of mud mixed with vegetable fibres held together with rope of animal origin. 5) Everything suggested that the technique would be further popularised after the publication of Diego López de Arenas' treatise on carpentry (Seville, 1633), but its late diffusion in the Peruvian viceroyalty during the second half of the 17th century could not stop the changes that were already taking place as a result of the continuous earthquakes and the new architectural trends. Although many ceilings disappeared during this time, others made it through the 16th and 17th centuries and survived to the present day. This thesis reveals the carpentry de lo blanco in the Peruvian viceroyalty as a technique that is halfway between the Iberian and the Andean, and that not only became a fundamental part of the American architectonic heritage but continues to shape construction techniques in the Andes to the present day.