Thèse en cours

« La compagnie des Bentvueghels est bien connue. » Enquête sur une confrérie d’artistes néerlandais dans la Rome baroque (v.1617-v.1700)
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Triangle exclamation pleinLa soutenance a eu lieu le 24/11/2022. Le document qui a justifié du diplôme est en cours de traitement par l'établissement de soutenance.
Auteur / Autrice : Suzanne Baverez
Direction : Michel Hochmann
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Esthétique, histoire et théorie des arts
Date : Inscription en doctorat le
Soutenance le 24/11/2022
Etablissement(s) : Université Paris sciences et lettres
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale École transdisciplinaire Lettres/Sciences
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Sciences, Arts, Création, Recherche
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....)
Jury : Président / Présidente : Jan Blanc
Examinateurs / Examinatrices : Michel Hochmann, Sophie Raux, Harald Hendrix, Francesca Cappelletti
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Raux, Harald Hendrix

Résumé

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Au XVIIe siècle, Rome s’affirme comme la capitale culturelle et artistique de l’Europe : la ville attire alors de jeunes artistes venus des quatre coins du continent pour parfaire leur formation au contact des antiques et des exemples illustres des maîtres de la Renaissance. C’est dans ce contexte de migrations artistiques vers Rome, au sein desquelles les Néerlandais formaient l’un des plus gros contingents, que s’inscrit la formation à la fin des années 1610 par des artistes néerlandais de la Schildersbent – bande de peintres–, confrérie informelle dont les membres se surnommaient les Bentvueghels – oiseaux de bande. Pendant près d’un siècle, jusqu’à l’orée du XVIIIe siècle, cette compagnie, fédéra à Rome les artistes néerlandais – appelés Fiamminghi –, organisant des festivités leur permettant de se fréquenter régulièrement : cérémonies en l’honneur de l’accueil d’un nouveau membre, dîners avinés, procession jusqu’au soi-disant tombeau de Bacchus, leur divinité tutélaire. Principalement connus pour les débordements suscités par leurs joyeuses réunions, les Bentvueghels défrayèrent régulièrement la chronique romaine, allant même jusqu’à provoquer plus d’une fois l’ire de l’Inquisition. Au-delà de l’anecdote, la Schildersbent offre un exemple d’association artistique unique en son genre à l’époque moderne. Regroupement spontané d’artistes étrangers à Rome à une époque où les académies artistiques nationales n’existaient pas encore, elle fut un extraordinaire instrument de cohésion pour la communauté des artistes fiamminghi tout au long du XVIIe siècle. Partant d’une relecture des sources, d’un recensement précis des artistes de la Schildersbent et adoptant une démarche inspirée des sciences sociales, cette thèse se donne un triple objectif. D’abord celui de proposer une réécriture de l’histoire de cette confrérie artistique, depuis sa formation jusqu’à son délitement, à la lumière de nouveaux documents. Celui ensuite d’en évaluer la portée socioprofessionnelle : pont jeté entre les Pays-Bas et Rome, la Schildersbent offrait à ses membres de nombreuses occasions de se retrouver et de communier dans leur culture commune, encourageant ainsi les affinités entre compatriotes. Les liens cimentés dans la confrérie, liens d’expatriés, de collègues et d’amis, suscitèrent la création d’un vaste réseau de solidarités privées et professionnelles dont il convient d’évaluer l’effet sur les carrières des jeunes Fiamminghi à Rome. Le troisième objectif consiste à interroger les implications esthétiques de la constitution d’un tel réseau : en incitant les Fiamminghi à se fréquenter assidument, la Schildersbent initia une forme de compagnonnage artistique inédit. Alors même que les Fiamminghi avaient effectué le voyage à Rome pour se mettre à l’école italienne, leur réunion au sein de la confrérie fut à l’origine de genres et de courants artistiques originaux, synthèses entre traditions artistiques néerlandaises et motifs italiens (paysages italianisants, bambocciata, vedute…etc.). La forte réaction des artistes et théoriciens italiens contre les Bentvueghels est révélatrice des jalousies commerciales suscitées par la concurrence des Fiamminghi sur le marché romain : l’essor des petits genres portés par les Fiamminghi venait concurrencer le grand genre italien, défendu par l’Accademia di San Luca, l’organe artistique officiel de Rome. Dans ce contexte, l’extraordinaire plasticité de la Schildersbent, dont les contours ne furent jamais règlementés, lui permit de perdurer sans donner de réelles prises aux attaques dont elle fut l’objet. Transcendant sa fonction première de simple club récréatif, elle servit tour à tour à la communauté des artistes néerlandais de Rome de centre culturel et de solidarités, de cercle de débat artistique, de syndicat de défense de l’exercice du métier d’artiste à Rome, voire d’académie informelle portant la fronde contre l’Accademia di San Luca sous l’égide de Bacchus, le Liber Pater.