Auteur / Autrice : | Suzanne Baverez | |
Direction : | Michel Hochmann | |
Type : | Projet de thèse | |
Discipline(s) : | Esthétique, histoire et théorie des arts | |
Date : | Inscription en doctorat le | Soutenance le 24/11/2022 |
Etablissement(s) : | Université Paris sciences et lettres | |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale École transdisciplinaire Lettres/Sciences | |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Sciences, Arts, Création, Recherche | |
établissement opérateur d'inscription : École normale supérieure (Paris ; 1985-....) | ||
Jury : | Président / Présidente : Jan Blanc | |
Examinateurs / Examinatrices : Michel Hochmann, Sophie Raux, Harald Hendrix, Francesca Cappelletti | ||
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Raux, Harald Hendrix |
Mots clés
Résumé
Au XVIIe siècle, Rome saffirme comme la capitale culturelle et artistique de lEurope : la ville attire alors de jeunes artistes venus des quatre coins du continent pour parfaire leur formation au contact des antiques et des exemples illustres des maîtres de la Renaissance. Cest dans ce contexte de migrations artistiques vers Rome, au sein desquelles les Néerlandais formaient lun des plus gros contingents, que sinscrit la formation à la fin des années 1610 par des artistes néerlandais de la Schildersbent bande de peintres, confrérie informelle dont les membres se surnommaient les Bentvueghels oiseaux de bande. Pendant près dun siècle, jusquà lorée du XVIIIe siècle, cette compagnie, fédéra à Rome les artistes néerlandais appelés Fiamminghi , organisant des festivités leur permettant de se fréquenter régulièrement : cérémonies en lhonneur de laccueil dun nouveau membre, dîners avinés, procession jusquau soi-disant tombeau de Bacchus, leur divinité tutélaire. Principalement connus pour les débordements suscités par leurs joyeuses réunions, les Bentvueghels défrayèrent régulièrement la chronique romaine, allant même jusquà provoquer plus dune fois lire de lInquisition. Au-delà de lanecdote, la Schildersbent offre un exemple dassociation artistique unique en son genre à lépoque moderne. Regroupement spontané dartistes étrangers à Rome à une époque où les académies artistiques nationales nexistaient pas encore, elle fut un extraordinaire instrument de cohésion pour la communauté des artistes fiamminghi tout au long du XVIIe siècle. Partant dune relecture des sources, dun recensement précis des artistes de la Schildersbent et adoptant une démarche inspirée des sciences sociales, cette thèse se donne un triple objectif. Dabord celui de proposer une réécriture de lhistoire de cette confrérie artistique, depuis sa formation jusquà son délitement, à la lumière de nouveaux documents. Celui ensuite den évaluer la portée socioprofessionnelle : pont jeté entre les Pays-Bas et Rome, la Schildersbent offrait à ses membres de nombreuses occasions de se retrouver et de communier dans leur culture commune, encourageant ainsi les affinités entre compatriotes. Les liens cimentés dans la confrérie, liens dexpatriés, de collègues et damis, suscitèrent la création dun vaste réseau de solidarités privées et professionnelles dont il convient dévaluer leffet sur les carrières des jeunes Fiamminghi à Rome. Le troisième objectif consiste à interroger les implications esthétiques de la constitution dun tel réseau : en incitant les Fiamminghi à se fréquenter assidument, la Schildersbent initia une forme de compagnonnage artistique inédit. Alors même que les Fiamminghi avaient effectué le voyage à Rome pour se mettre à lécole italienne, leur réunion au sein de la confrérie fut à lorigine de genres et de courants artistiques originaux, synthèses entre traditions artistiques néerlandaises et motifs italiens (paysages italianisants, bambocciata, vedute etc.). La forte réaction des artistes et théoriciens italiens contre les Bentvueghels est révélatrice des jalousies commerciales suscitées par la concurrence des Fiamminghi sur le marché romain : lessor des petits genres portés par les Fiamminghi venait concurrencer le grand genre italien, défendu par lAccademia di San Luca, lorgane artistique officiel de Rome. Dans ce contexte, lextraordinaire plasticité de la Schildersbent, dont les contours ne furent jamais règlementés, lui permit de perdurer sans donner de réelles prises aux attaques dont elle fut lobjet. Transcendant sa fonction première de simple club récréatif, elle servit tour à tour à la communauté des artistes néerlandais de Rome de centre culturel et de solidarités, de cercle de débat artistique, de syndicat de défense de lexercice du métier dartiste à Rome, voire dacadémie informelle portant la fronde contre lAccademia di San Luca sous légide de Bacchus, le Liber Pater.