Thèse en cours

L'institu du cinématographe éducateur LUCE : un organisme mussolinien (1924-1936) au service du consensus

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Auteur / Autrice : Giovanni Copertino
Direction : Valérie Vignaux
Type : Projet de thèse
Discipline(s) : Lettres et Arts
Date : Inscription en doctorat le 15/11/2016
Etablissement(s) : Tours en cotutelle avec Université Roma 3 (Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Sciences de l'Homme et de la Société (Tours)

Résumé

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Ma recherche s’intéresse à la politique du consensus mise en place par le régime fasciste à travers les documentaires éducateurs et didactiques produits par l’Istituto Nazionale Luce entre 1924 (année de création de l’Institut) et 1936, année correspondant à la conquête de l’Éthiopie, qui constitue l’acmé de ce consensus. Par politique du consensus, j’entends les mesures oppressives exercée par le régime fasciste sur les individus, dans le but d’obtenir une adhésion générale aux choix politiques effectués. J’analyserai comment à travers un nouveau mécanisme de contrôle et d’orientation de l’opinion publique, le fascisme a pu obtenir un consensus diffus, influençant ainsi tous les aspects de la vie associative et quotidienne des Italiens. Cette politique, tout-à-fait neuve, qui utilisait symboles et mythes du passé de la Rome ancienne accompagnait l’individu depuis sa naissance jusqu'à la mort par l’entremise d’associations telles que l’Oeuvre Nationale Balilla (créée en 1926, et ayant une fonction complémentaire à celle de l’école, puisqu’elle visait à renforcer la culture physique et morale de la jeunesse) ou l’Ente Nazionale Cooperazione (Société Nationale de Coopération) destinée à contrôler les structures coopératives. Ainsi, au cours de la période fasciste on assiste à une politisation de masse, incitant toutes les classes sociales à intégrer le Parti National Fasciste. L’autre modalité importante employée par le régime à des fins de consensus réside dans la mise en oeuvre de cérémonies publiques, comme l'anniversaire de la ''Marche sur Rome'', les manifestations fascistes vantant la Rome ancienne, les inaugurations de grandes œuvres publiques et les manifestations sportives. La culture occupera une place importante dans la création du consensus, toutes les activités culturelles seront particulièrement contrôlées car elles doivent exprimer et véhiculer les valeurs fascistes. Dans ce cadre, l'Institut Luce jouera un rôle important, chargé de témoigner et diffuser la grande entreprise du régime et du Duce. Ainsi, dans le cadre de cette recherche, nous nous demanderons comment l’Institut Luce a-t-il contribué à travers ses films à la création d’un consensus populaire envers le régime fasciste. Dans un contexte où le fascisme percevait la jeunesse italienne comme l’héritage de la Rome ancienne, comment les documentaires produits et diffusés par l'Institut Luce servaient-ils ce régime et étaient-ils employés à des fins de propagande ? Toutefois l’Institut Luce a eu dès l’origine une double vocation, il constituait d’une part un instrument pédagogique et, d’autre part il était au service du régime fasciste. Pour mieux comprendre ces deux aspects notre recherche sera divisée en trois étapes : Dans un premier temps nous rappellerons le cadre institutionnel dans lequel l'Institut Luce a été crée. Nous constituerons un corpus de films sur une période allant de 1924 à 1936 ; Corpus que nous analyserons en nous intéressant au “reportorio” étant tout le matériel écarté lors du montage. Nous nous attacherons également à partir des documents non-filmiques à restituer les différentes modalités de diffusion de ces documentaires afin d’évaluer le rôle qu’ils ont joué dans la politique de consensus du régime fasciste. La diffusion des documentaires de l’Institut Luce a en effet été organisée dans un premier temps par la Société anonyme Pittaluga, puis à partir de 1929 le distributeur Theatrical a étendu la distribution à l’ensemble des salles cinématographiques italiennes. Les films étaient montrés aux sièges du Parti Nationale Fasciste, aux préfectures, dans les écoles et à l’Œuvre Nationale du temps libre. Cette large diffusion a contribué, selon le régime fasciste, à la création d’un fort consensus pour le peuple italien. Ainsi, on interrogera les critères adoptés par le régime fasciste quant aux choix de diffusion des films de l’Institut Luce? Enfin, on se demandera ce qui subsiste dans la société italienne contemporaine de la propagande diffusée cinématographiquement par l’Institut Luce. Rappelons que cette recherche sur les documentaires éducatifs de l’Institut Luce est novatrice car à ce jour, la littérature scientifique, italienne ou francophone, sur le sujet est peu importante.