Auteur / Autrice : | Roland Bessenay |
Direction : | Pierre-Yves Gomez |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de gestion |
Date : | Soutenance le 05/04/2022 |
Etablissement(s) : | Lyon |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences économiques et gestion (Lyon) |
Partenaire(s) de recherche : | établissement opérateur d'inscription : Université Jean Moulin (Lyon ; 1973-....) |
Jury : | Président / Présidente : Bérangère L. Szostak |
Examinateurs / Examinatrices : Bérangère L. Szostak, Albert David, Hélène Delacour, Jean-Fabrice Lebraty, Xavier Lecocq | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Albert David, Hélène Delacour |
Mots clés
Résumé
Tandis que la digitalisation du travail est décrite par les milieux stratégiques et managériaux comme une transformation nécessaire et souhaitable, elle rencontre simultanément une résistance parmi certains professionnels. La littérature gestionnaire interprète généralement cette rupture soit à l’échelle « macro », en étudiant comment les usagers résistent à certaines pressions appliquées à l’ensemble d’une organisation ou d’un secteur, soit à l’échelle « micro », en décrivant des processus locaux de contournement des outils digitaux par les usagers. La présente thèse propose de réunir ces deux échelles en mobilisant une approche « multiniveau », consistant à étudier comment la digitalisation se diffuse à différents niveaux afin de transformer la façon dont les professionnels se représentent leur propre activité. Pour comprendre à la fois le rôle spécifique de chacun des niveaux dans cette diffusion ainsi que leurs influences réciproques, nous mobilisons le modèle structural des conventions, et définissons la digitalisation comme une convention d’effort, c’est-à-dire comme une remise en cause de l’effort que les usagers-professionnels appliquent dans leur travail. En étudiant un cas d’adoption du Building Information Modeling (BIM), une base de données modélisable et partagée promue au sein d’une entreprise française de construction, nous montrons comment le niveau institutionnel, composé d’éditeurs de logiciel et de consultants, légitime l’usage du BIM dans l’effort quotidien des professionnels ; comment le niveau organisationnel, composé des cadres digitaux de l’entreprise étudiée, prescrit son mode d’usage, et comment les deux niveaux professionnels, composés des concepteurs de plan en bureau d’étude et des exécutants de bâtiment sur chantier, réalisent (ou non) ce nouvel effort. En outre, nous montrons comment chaque niveau est influencé dans sa diffusion par ses interactions avec les autres niveaux, et parvenons à expliquer grâce à ce phénomène pourquoi les concepteurs acceptent le BIM, et pourquoi les exécutants le refusent. D’un point de vue théorique, ces résultats nous permettent de lire par le même cadre heuristique les interactions intra et inter niveaux, ainsi que d’interpréter leurs effets sur les représentations des professionnels. Ils reconsidèrent également le phénomène de digitalisation, en voyant celui-ci non pas uniquement comme un moyen rationnel de « désiloter » l’entreprise, mais aussi comme une multitude de médiations construites par le mimétisme non-intentionnel de ses acteurs. D’un point de vue managérial, cette recherche énonce diverses recommandations stratégiques à travers une typologie des modes de digitalisation, et enjoint les organisations à interagir avec leurs professionnels en développant des espaces de discussion sur les transformations du travail.