Au fil du soin. Esquisses phénoménologiques de la rencontre : de nos premières rencontres à l'événement de la rencontre en psychiatrie
Auteur / Autrice : | Sonia Benkhelifa |
Direction : | Jean-Philippe Pierron, Jean Naudin |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Philosophie mention éthique, politique et droit |
Date : | Inscription en doctorat le 09/11/2016 |
Etablissement(s) : | Lyon 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....) |
Résumé
À partir d'une « genèse » de la rencontre, nous nous intéresserons à la rencontre clinique avant de nous centrer sur la rencontre entre le soignant et le patient présentant des troubles psychotiques, plus spécifiquement des schizophrénies. L'hôpital, dans sa fonction d'accueil, pourrait être considéré, à maints égards, comme le lieu presque paroxystique de la rencontre. Or, a-t-elle toujours lieu ? En effet, la rencontre, particulièrement d’un point de vue phénoménologique, peut être considérée comme ce qui nous échappe. Il n’y a de rencontre que dans la surprise de cette rencontre. Dans le même temps, elle peut constituer ce que nous visons en tant que soignant. Autrement dit, la rencontre clinique peut être ce que nous visons comme projet tout en identifiant l’impossible maîtrise ou certitude qui l’entoure. En tout cas, @elle n’est jamais sans engagement, ni ébranlement. Elle est énigme et mystère. Dans le cadre de certains troubles, comme les schizophrénies, faire l’expérience de la rencontre ne va pas de soi. En effet, dans les schizophrénies nous pouvons noter des problématiques liées à une perte de l’évidence naturelle mais encore à des troubles de l’ipséité. Dans de tels contextes où les troubles affectent le rapport à autrui, nous comprenons mieux pourquoi la rencontre devient un véritable enjeu clinique. S’il n’y a de rencontres qu’à la condition d’être deux, nous identifions combien, dans le contexte des troubles psychotiques, envisager les possibilités de cette rencontre c’est envisager de nouvelles possibilités d’advenir pour le patient. En guise de prolégomènes et dans une approche phénoménologique, nous évoquerons nos souvenirs de rencontres qui, en tant que professionnelle de santé, nous invitent à questionner ce qui demeure par-delà les situations cliniques rencontrées. Dans une première partie, nous proposerons une genèse de la rencontre en nous intéressant à ce qui nous constitue dans et à partir de notre rapport au monde et aux autres. Nous verrons combien la rencontre est au fondement même de l'altérité. Nous envisagerons, à partir notamment des travaux de Schapp, ce lien inextricable entre nos empêtrements dans nos histoires et nos rencontres. Nous verrons ensuite les enjeux de la corporéité, de l’intersubjectivité et de la constitution de l’ego. Nous tenterons de délimiter les freins, les écueils, les impossibilités à cette rencontre. Nous cheminerons de la rencontre, dans son sens « classique », tel que nous pouvons l’appréhender à l'hôpital, vers la rencontre dans son acception tant philosophique que phénoménologique. Nous étayerons notre propos à la lumière d’éléments conceptuels à partir d'une analyse de la littérature centrée sur les apports de la philosophie du soin, de l'éthique, de la phénoménologie et de la psychiatrie phénoménologique, tout en laissant place à la clinique et donc au quotidien de « l'homme face à un autre homme » en souffrance. Nous terminerons par une partie plus clinique et centrée sur la psychiatrie phénoménologique. Nous appréhenderons le contexte, les enjeux, les éléments psychopathologiques à l’œuvre dans cette problématique de la rencontre en nous intéressant particulièrement à l’approche maldinéenne.