Les racines archaïques de larchitecture de Livio Vacchini (1933-2007).
Auteur / Autrice : | Mateusz Zaluska |
Direction : | Annalisa Viati navone |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Aménagement, architecture |
Date : | Inscription en doctorat le 10/11/2016 |
Etablissement(s) : | université Paris-Saclay |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences de l'Homme et de la société (Sceaux, Hauts-de-Seine ; 2015-2020) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de recherche de l'Ecole nationale supérieure d'architecture de Versailles |
établissement de préparation de la thèse : Ecole nationale supérieure d'architecture de Versailles |
Mots clés
Mots clés libres
Résumé
Le but primaire de larchitecture étant de donner de réponses, en terme despaces, aux besoins fondamentaux des êtres humains, elle est contrainte à réfléchir constamment sur les changements qui sopèrent dans la société et sur ses comportements, ce qui lamène à prendre en compte différentes variables : non seulement les diverses déclinaisons que chaque culture et époque donnent à ces besoins fondamentaux, mais aussi les mécanismes de perception des formes et des espaces architecturaux, et par conséquence les retombés émotives sur lusager, son ressenti pendant lexpérience spatiale. Dans le contexte européen, la discussion scientifique et systématique sur des sujets abstraits comme lunité, la perfection, lharmonie, lintemporalité etc. aussi bien que sur les formes qui leur correspondent a commencé à se développer en liaison étroite avec les études de lhéritage des anciens Grecs et Romains. Cest à partir de lintérêt pour les ruines et les vestiges de monuments anciens que architectes et scientifiques à lheure du Quattrocento italien ont commencé à rêver lAge dor classique et à chercher les règles dune telle perfection. Les premiers traités sont publiés, visant à reconstruire et systématiser les connaissances sur larchitecture ancienne, et à poser les bases méthodologiques de la recherche architecturale («De re aedificatoria», Leon Battista Alberti, 1485). Ce patrimoine classique est devenu en soi un élément important dans le cadre des études menés par les historiens de larchitecture (notamment au XVIII siècle) car il représentait un échantillonnage de réponses raffinées et efficaces, en termes de construction, aux expériences primaires de lespèce humaine. Mais ce qui est devenu « classique » dans les interprétations historiques a vécu un état archaïque, primitif, où dinfinies possibilités de développement et transformation étaient possibles. Il était marqué par des caractères tels que la robustesse et la solidité, sa force demeurant dans lhonnêteté du geste et la clarté du message (M. A. Laugier, « Essais sur larchitecture », 1753). Dans lhistoire de la critique architecturale la volonté dun retour aux origines était motivé par la curiosité philosophique innée et le désir de trouver une réponse à la question suivante: où réside-t-elle lorigine dune telle variété de formes? Imaginer des développements alternatifs aux intuitions primitives a toujours été un moment extrêmement créatif et révolutionnaire, ayant la possibilité de donner une nouvelle apparence et un aspect inédit aux vérités considérées éternelles (la géométrie, la proportion, le rapport entre lhomme et la nature, les hiérarchies etc). Le terme « archaïque » provient étymologiquement du grec arche ce qui signifie le début, la source de laction. Ce qui est primaire doit être précédemment absent matériellement, tout à fait nouveau. Il se révèle sous sa forme nue, dépourvue de commentaires superflus ou de couches supplémentaires pour apparaître toujours comme une découverte, une invention, une révolution. « La recherche de larchaïque » dans la pratique architecturale contemporaine peut être interprétée comme lintérêt porté aux forces qui incitent les objets à exister, la recherche des gestes élémentaires, presque intuitifs qui apparaissent au moment où quelquun vise laction provenant des profondeurs de la nature humaine, sans références aux images. Actuellement, la persistance de cette fascination pour les origines et larchitecture archaïque nous amène à suivre le développement dun thème conducteur dexpériences communes qui, indépendamment des conventions sociales, et des idéologies, présentent des caractères semblables, parfois inaltérés. Livio Vacchini (1933-2007) était lun des architectes contemporains qui se déclarait intéressé par la tradition classique et passionné par les sciences exactes. Dans son livre « Capolavori », il décrit 12 bâtiments historiques fondamentaux. Chacun daprès lui peut être considéré comme un chef-duvre. Chacun possède ses particularités culturelles et sa logique de traduction dun concept en une forme. La recherche menée par larchitecte sur les mécanismes qui gèrent la cohérence perceptive de luvre achevée est particulièrement intéressante. Tous les exemples ont été soigneusement analysés par Vacchini dans le but de définir le champs dexpériences architecturales communes, non subjectives, quon retrouve dans les cultures du passé. Larchitecte tessinois ambitionnait principalement à rechercher les règles non soumises aux spécificités locales, mais valables partout et toujours. Dans un de ses aphorismes Vacchini remarque que larchitecture est une question desprit («cosa mentale», comme le disait Leon Battista Alberti dont Vacchini était lecteur). Cest lesprit qui constitue le maillon unissant lindividu à la réalité. Le fait quun bâtiment soit conçu avant tout comme une construction intellectuelle rend possible lexpression et la transmission de son essence avant quil ne devienne matériel. Si larchitecte cherche à comprendre de ce qui est visible le travail sur lesprit et les émotions, il sera amené à prendre ce travail en compte lors de lélaboration du projet et à le transmettre aux destinataires de ses uvres. Actuellement, grâce aux études menées par les sciences cognitives et la neurobiologie nous avons commencé à découvrir les réactions de notre cerveau quand nous sommes en contact avec lordre, la géométrie, la beauté. La neurobiologie de la perception découvre de nouveaux domaines de recherche et permet de vérifier des théories historiques ainsi que leur connexion non seulement au niveau théorique spéculatif mais aussi empirique et biologique. En analysant des études scientifiques sur les bâtiments historiques on peut constater que les composants archaïques de larchitecture doivent être ancrés dans nos esprits (p. ex. Edmund Burke A Philosophical Enquiry into the Origin of Our Ideas of the Sublime and Beautiful, 1757). Aujourdhui cette idée prend une autre dimension qui exige dêtre poursuivie à travers des exemples précis.