Thèse soutenue

Narrer le corps : genre, plasticité et anomie dans la prose vénézuélienne du début des 20ème et 21ème siècles. Teresa de la Parra, Eduardo Sánchez Rugeles, Raquel Rivas Rojas et Gisela Kozak : regards croisés

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Auteur / Autrice : Oscar Gamboa Duran
Direction : Hervé Le Corre
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études hispaniques et latino-américaines
Date : Soutenance le 12/12/2020
Etablissement(s) : Paris 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Europe latine et Amérique latine (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Centre de recherches interuniversitaire sur les champs culturels en Amérique latine (Paris)
Laboratoire : Centre de Recherche Interuniversitaire sur l'Amérique Latine (Paris ; 1992-....)
Jury : Président / Présidente : François Delprat
Examinateurs / Examinatrices : Hervé Le Corre, François Delprat, Gustavo Guerrero, Ernesto Mächler Tobar, Isabelle Alfandary, Stéphanie Decante-Araya
Rapporteurs / Rapporteuses : Gustavo Guerrero, Ernesto Mächler Tobar

Résumé

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Ce travail analyse la construction du corps, du genre, de l’érotisme et des enjeux qu’ils articulent dans le roman Ifigenia (1924) de Teresa de la Parra, qui fonde une littérature sur le genre au Venezuela, en le mettant en dialogue avec les récits des Vénézuéliens Eduardo Sánchez Rugeles, Raquel Rivas Rojas et Gisela Kozak, qui actualisent le récit de ces dynamiques lors des crises et des migrations contemporaines des Vénézuéliens. En commençant par la fondatrice (partie I), l’analyse d’Ifigenia souligne la parodie du parler féminin, des normes pesant sur les femmes et les liens entre roman, corps plastique et auto-représentation féministe. Le genre se construit comme un rapport et une communauté imaginaire (Anderson) régie par des frontières normatives mais étant contingent. Le dialogisme indique que la narratrice, María Eugenia, est assujettie aux impératifs patriarcaux par son intégration des discours familiaux. La partie II commence par Blue Label/Etiqueta Azul (2010) de Sánchez Rugeles, qui créé une nouvelle Eugenia qui part pour l’Europe, représentant une génération de Vénézuéliens qui émigrent sous le chavisme. Dans Liubliana (2012) de Sánchez Rugeles, nous lisons la jeune fille numérique comme symbole du sujet dématérialisé du néolibéralisme et la plasticité du corps féminin et jeune comme modèle structurel des espaces numériques. Dans Jezabel (2013) de Sánchez Rugeles, les discours multiples sur l’homosexualité en font un terrain instable permettant d’interroger la logique de l’hypothèse répressive (Foucault) comme un récit contraignant mais résisté par les sujets. Dans El patio del vecino (2012) de Rivas Rojas, les émigrées représentent les Vénézuéliens : les sujets asexués, liminaires, la réalité contingente, le regard « asexué » et « asexuel » construisent un quotidien de désorientation et de quête de puissance d’agir. Dans En rojo (2011) de Kozak, nous analysons la polarisation politique du Venezuela comme omniprésente dans l’espace public et la vie intime et érotique, tout comme des tensions entre un féminisme précaire et un « postféminisme » ambiant. Notre analyse du rapport entre regard transgenre (Halberstam) et narrateur omniscient montre ce dernier comme une figure trans et plastique. Dans le roman Todas las lunas (2011), Kozak construit une utopie où la liberté s’incarne dans le genre et l’érotisme libres. Un regard panoramique (partie III) montre la construction de tout corps et sujet en tant que plastique et contingent. Les récits eux-mêmes semblent inspirés des corps en tant que plastiques. Nous suggérons que la constitution des corps doit être mise en rapport avec les dynamiques transmédiales. Ce corpus construit des récits liminaires, des seuils. Nos récits contemporains construisent le Venezuela sur un mode anomique et de transition et constituent une TransLittérature (Audran et Schmitter, 2017) latino-américaine contemporaine focalisée sur des personnages interstitiels, des évocations transmédiales et le monde numérique. La construction systématique du genre comme instable ou troublé (Butler) permet de proposer la notion d’anomie de genre et l’hétéronormativité, permettant des resignifications et de la puissance d’agir aux sujets.