Les Evangéliques dans l'espace public au Guatemala : emprise, acteurs, alliances
Auteur / Autrice : | Thierry Maire |
Direction : | Patrick Michel |
Type : | Projet de thèse |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Inscription en doctorat le 28/12/2016 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Mots clés
Résumé
Cette thèse part du constat d’une présence accrue d’acteurs évangéliques dans l’espace public au Guatemala, pays dans lequel ce courant a le plus proportionnellement augmenté en Amérique latine et des conséquences variées que cela entraîne. Son objectif est de s’interroger sur les modalités par lesquelles cette présence se manifeste et sur les effets qu’elle engendre. Je postule qu’un phénomène d’emprise s’exerce en la matière, en raison de la diversité et de l’effet de redondance du message évangélique qui se trouve répéter ainsi sous de multiples formes : visuelle, temporelle, musicale, éducative ou cognitive. Le cadre théorique de cette recherche est avant tout celui de la sociologie pragmatique, avec une attention à la sociologie des mouvements sociaux et à la sociologie politique, parmi d’autres apports. En portant mon attention sur la formation des pasteurs, j’ai pu constater la prégnance d’une théologie importée, conservatrice et influencée par le dominionisme plus encore que par la théologie de la prospérité. Cette emprise conduit à penser que les ‘évangéliques’ seraient en mesure d’exercer une influence forte sur la vie politique du pays, à l’instar de ce qui a pu être observé ailleurs en Amérique Latine. S’il est vrai que nombre d’acteurs évangéliques sont parvenus à se rassembler autour d’un « agenda évangélique », centré sur les questions de genre et de moralité sexuelle, la réalité du jeu politique amène à nuancer leur capacité politique. Les ‘évangéliques’ sont en effet moins présents au parlement, dont le conservatisme reflète avant tout celui de la société guatémaltèque. Il faut souligner d’une part que les évangéliques ne constituent pas un groupe homogène. D’autre part l’étude des réseaux actifs politiquement montre que ce sont bien plus des réseaux interpersonnels de l’oligarchie socio-économique et de cercles militaires ou liés aux forces de sécurité qui sont à l’œuvre pour diriger la politique, influencer les nominations des magistrats des hautes cours de justice ou maintenir leurs avantages, dans un pays que l’on peut qualifier d’État prétorien. De ce point de vue, le concept de ‘nation chrétienne’ sert à reconfigurer le conflit qui ensanglanta le pays, substituant la « guerre spirituelle » à la guerre civile, ce que l’exploitation des archives diplomatiques françaises, non utilisées jusqu’à présent, a mis en lumière. De la même manière, le sionisme chrétien exhibé par certains acteurs tient plus de la réécriture de l’histoire du Guatemala et de ses alliances militaires que de la conviction religieuse. Il s’inscrit de plus dans un contexte transnational sous l’influence de groupes étatsuniens.