Thèse soutenue

Les chinoiseries dans l'art et la littérature français du XVIIIe siècle : un regard anthropologique et culturel

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Auteur / Autrice : Chen Tian
Direction : Yolaine Escande
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts : histoire et théorie
Date : Soutenance le 20/11/2024
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : André Charrak
Examinateurs / Examinatrices : André Charrak, Vanessa Alayrac-Fielding, 喆 汲, Baldine Saint Girons, Jean-Marie Schaeffer
Rapporteurs / Rapporteuses : André Charrak, Vanessa Alayrac-Fielding

Résumé

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La chinoiserie en France au XVIIIe siècle était le vecteur d’un échange culturel phénoménal qui ne se limitait pas à une simple utilisation d’objets ni au domaine de l’art. Elle concernait au contraire presque tous les aspects de la vie sociale. Les objets et le goût chinois acquièrent de nouvelles significations symboliques dans la société française, et font partie des concepts culturels collectifs.Notre proposition part d’abord d’une approche imagologique des œuvres d’art, puis de la sociologie, afin de chercher la signification des objets dans la culture et le sens des échanges transculturels. Nous essayons de comprendre, en prenant le point de vue du public de l’époque, ce qu’on voit et la manière dont on traite cette vogue chinoise.À travers les trois grandes thématiques correspondant à chacune des trois parties, et en s’appuyant sur la représentation, ce travail analyse l’évolution du style chinois au XVIIIe siècle depuis son émergence en tant que curiosités jusqu’à l’esthétique de l’altérité. Dans les activités sociales, de nouvelles représentations et significations se forment, ce qui exige une perspective transversale et multidisciplinaire. Puisque la réception imagologique commence par la perception matérielle, la première partie se concentre sur le domaine de la collection et de la fabrication. Il s’agit de la connaissance matérielle ainsi que la présentation de la propre vision du monde du public français au XVIIIe siècle. En abordant d’abord ce thème nous pouvons définir la portée des objets de notre recherche. La deuxième partie porte sur les œuvres artistiques. Elle définit le style propre et se concentre sur la formation du sens esthétique. La troisième partie traite de la perception socioculturelle. Elle met en place la représentation sociale des objets qui repose sur une auto-présentation des valeurs du Soi face aux Autres culturels. La circulation des objets façonne l’espace social, maintenant un réseau de relation de la conscience identitaire et des valeurs de l’homme. Les première et deuxième parties complètent le processus allant de la nature artisanale matérielle à l’art et au jugement de valeur de la beauté. La troisième partie met en avant le renforcement, la recréation et la circulation de la chinoiserie dans la société. En suivant la piste de la connaissance, on arrive à voir le passage des propriétés physiques à l’aspect matériel de la création et à la beauté des objets, qui illustre la relation entre l’esthétique et la valeur de l’homme.À travers cette recherche, on voit que les chinoiseries (ou d’autres effets exotiques) des différentes époques s’inscrivent fondamentalement et initialement dans une problématique de réception, mais l’ampleur de leur impact varie. Ces objets exotiques ont subi une recréation dans les différentes disciplines de la société qui recodifie leur sémantique. La raison pour laquelle la chinoiserie du XVIIIe siècle a été différente de celle du XIXe siècle est qu’il s’agit alors d’un goût à l’échelle sociale. Plus qu’un savoir artistique, la chinoiserie se fait l’écho de la collectivité et de la société, en mobilisant l’imaginaire du public pour les pays étrangers, et en remodelant les relations de production et le sens moral au cœur des valeurs culturelles. La chinoiserie est finalement devenue partie intégrante de l’identité esthétique, incorporant la vision fondamentale du monde, qui a persisté dans la culture française et européenne.Notre travail intègre l’approche de la matérialité dans la théorie de la connaissance. D’une part, cela concerne la connaissance matérielle au sens littéral, à savoir connaître les objets et le pays étrangers. D’autre part, sous l’influence de l’épistémologie, les objets et les images chinoises passent de l’étrangeté à la beauté. À travers ces processus, nous expliquons les opinions du public des Lumières, comment il connaît l’Autre culturel et comment sa vision du monde interagit avec la signification des objets.