Thèse soutenue

Le Parti communiste de Roumanie et le Komintern : Acteurs. Réseaux. Propagande.

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Auteur / Autrice : Ecaterina Ojoga
Direction : Catherine Horel
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 28/06/2023
Etablissement(s) : Paris, EHESS
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Président / Présidente : Jean Vigreux
Examinateurs / Examinatrices : Jean Vigreux, Sophie Cœuré, Florin Turcanu, Juliette Cadiot, Irina Gridan, Traian Sandu
Rapporteurs / Rapporteuses : Sophie Cœuré, Florin Turcanu

Résumé

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La création de l’Internationale communiste en mars 1919 est placée sous le signe de la Révolution mondiale et de l’idéologie territorialisée. Créée en 1919, à Moscou, sous l’initiative du PC(b)R, l’Internationale communiste est la représentation institutionnelle du Parti, une structure supranationale dont le but est de répandre la révolution et ne connaissant aucune limite dans son expansion. Outre sa dimension idéologique, l’organisation est par définition subversive. Dans ce sens, elle est organisée dans une démarche de discipline qui, sous la forme de 21 conditions, impose à chaque parti adhérent des modes de fonctionnement calqués sur le modèle russe, ceci culminant avec la bolchevisation des partis communistes suite au Ve Congrès de 1924. Les subdivisions nationales tiennent un rôle clé dans le « travail des masses », par deux biais principaux – l’agitation et la propagande. Leur statut et leur rapport avec l’Internationale sont complexes, ils diffèrent en fonction des pays. Qui plus est, leur rapport à l’URSS est complexe, marqué par une série de réseaux indirects, évoluant selon des contextes multiples. D’une part, l’aspect géopolitique, d’autre part, les particularités de la politique intérieure de chaque pays. Ancré dans une dimension d’histoire sociale et d’histoire globale, le Komintern et « ses » partis montrent des dynamiques relationnelles délicates et hétérogènes Le Parti communiste de Roumanie (PCdR) se crée autour de son noyau historique, une ancienne garde socialiste radicalisée par la proximité immédiate de la Révolution russe. Construite autour de la Grande Roumanie, elle est son antipode. Le Parti se forge en entité multiple et hétérogène composée d’éléments roumains (Vieux-Royaume), transylvains (issus de la République hongroise des Soviéts), bulgares (particulièrement dans le Quadrilatère); et non sans une importance majeure, bessarabiens (davantage influencés par la tradition révolutionnaire et la propagande soviétique). Le slogan de l’autodétermination des provinces jusqu’à leur sécession, bien qu’exploité à une intensité variable en fonction des impératifs politiques, devient son but principal. Dans ce contexte, on explore particulièrement les enjeux géopolitiques et idéologiques de la question bessarabienne. Le travail présenté soulève des questionnements entre histoire politique, diffusion et circulation des idées à l’échelle globale, diplomatie, relations internationales et engagement militant, pour analyser les rapports entre le Komintern et le PCdR, ainsi que les enjeux de la solidarité internationale dans la promotion de ce parti. Il place le PCdR dans le réseau transnational en réponse aux impératifs politiques et explore ses conflictualités internes. Également l’analyse insiste sur les trajectoires collectives et individuelles des acteurs dans le réseau kominternien et dans l’alignement progressif sur la ligne géopolitique soviétique et jusqu’à leur destruction physique. La place du PCdR dans le réseau transnational varie en fonction des impératifs politiques. À ce titre trois temps forts de cette relation se dégage. Le premier montre la place stratégique de l’organisation roumaine dans la Révolution mondiale à l’époque de l’assaut révolutionnaire. Le deuxième temps est celui de la conflictualité, époque marquée par les luttes fractionnelles et les rappels à l’ordre. Il est également à l’origine d’un remplacement progressif des acteurs et de l’alignement progressif sur la ligne géopolitique soviétique. La dernière phase, antifasciste, demeure le temps de la visibilité exploitée par la propagande internationale. Loin d’apporter des succès politiques au Parti roumain, les procès antifascistes constituent le moment historique du récit communiste, susceptible de renforcer le mot d’ordre du centre tout en cachant les réalités répressives du mouvement. Ici, on constate également la destruction physique de l’ancienne garde roumaine et son alignement sur la politique de l’Etat voisin.